Santé : Violence ordinaire à l’hôpital

Violence ordinaire à l’hôpital Tongren (Pékin): le 15/09, Xu Wen, professeur ORL, 43 ans, est poignardée par M. Wang, 54 ans, vengeance pour une opération ratée en 2006 (cancer du larynx), ayant imposé l’ablation des cordes vocales. Wang, selon l’hôpital, avait repoussé durant 4 mois la chimiothérapie prescrite et « connaissait les risques ». Xu est hors de danger, mais incertaine de pouvoir repratiquer.

Suite à ce cas, la presse cite de multiples cas de violences sur des médecins, par leurs patients, ayant causé mort ou invalidité. Cas extrême : le 10/01 à Qingdao, des parents agressent le chirurgien en train d’opérer leur proche…

Cause de tout cela, dit le prof Yang Weidong de la CAG ( Chinese Academy for Governance): « les malades n’ont pas confiance en leurs médecins ». De ce fait, il n’est pas d’hôpital en Chine sans une petite armée de vigiles pour contenir la meute de patients fâchés.

Le problème est vieux et complexe. Faute de couverture sociale complète, l’accès aux soins est refusé à 400 millions de Chinois (un sur trois n’arrive jamais devant le médecin). Ce système de santé est dépassé par l’ampleur de la tâche (après 20 ans de désinvestissement des pouvoirs publics). Les erreurs médicales ne sont pas rares et le Droit, encore dans les langes, ne sait pas les traiter. Enfin, les familles réagissent en clan, de façon primaire : en cas de mort, elles sont tentées par la loi du Talion.

Commentaire du Dr Wang Shan, Président de l’hôpital du Peuple : « cette tragédie illustre l’urgence d’introduire un médiateur, entre médecins et patients ».

BATAILLE ELECTORALE

Entamée cet été, la bataille électorale pour le renouvellement des assemblées locales prend une nouvelle tournure.

A la joute ordinaire des rivaux pour les 2 millions de sièges à pourvoir, s’ajoute celle des candidats libres face à l’administration. Jusqu’à présent, la loi permet à tout citoyen, majeur et sans passé judicaire, de candidater. Pourtant, dans la pratique, chaque scrutin voit un (seul) candidat par poste, lequel a été nommé par le Parti communiste chinois.

Les dernières élections de 2006, avaient vu une poignée de candidats à un ces postes d’édiles—voire un ou deux -éphémères- élus. En 2011, ils sont plus de 100 (voire des centaines ? Impossible à savoir—secret d’Etat). Plusieurs phénomènes majeurs convergent, telle la maturation des citoyens ou la recrudescence de la corruption parmi les cadres. Joue aussi, le phénomène des microblogs, incontrôlables par la censure, permettant de dénoncer les abus, tout en faisant campagne: «Les gens ordinaires connaissent mieux leurs droits» explique Liu Xiuzhen, retraité, candidat sur Pékin.

L’Etat déploie des moyens puissants et variés pour désinscrire les candidats et enrayer leurs réunions, même à domicile. A quelques semaines des votes, la stratégie semble payante-la grande majorité a disparu des listes. Mais chaque élimination, par son illégalité, semble décupler la détermination des écartés et de ceux qui les soutiennent : l’avenir est brouillé, mais probablement plus de leur côté.

 CINQ HOMMES POUR UN PRIX

La Chine écrit, exprime son devenir à travers des millions de romans/an (si-si!), la plupart en ligne sur internet et elle a bien sûr ses distinctions littéraires.

La plus prestigieuse, le Prix Mao Dun, décerné tous les 4 ans, vient de revenir (19/09) à cinq auteurs : Zhang Wei pour Vous êtes sur les hauteurs, Liu Xinglong pour son Marcheur du ciel, Massage de Bi Feiyu, Une phrase en vaut 10.000 par Liu Zhenyun, et Grenouille, par Mo Yan. Toutes ces valeurs sûres étant traduites ou en cours de traduction en français.

Quoique se frottant à des univers très variés (l’école rurale, une fresque historique, l’athéisme, les masseurs aveugles), ces écrivains ont presque tous ce point commun de chanter le terroir, le travail humble et les valeurs officielles, ou en tout cas pas dérangeantes… L’aspect parfois un peu terne du message est compensé par une belle écriture. Mais on peut se douter que le Mo Yan, et cette génération d’auteurs auront du mal à percer au plan mondial, vendant des millions d’exemplaires en toutes langues, comme le fait le japonais Murakami.

‘ Dans cette liste, un auteur fait exception : Mo Yan, l’incorrigible original, dont le roman traite de la gynécologie, du monde glauque du planning familial, des pistons du Parti, du sexe légal ou non. Et ce n’est pas un petit paradoxe que ce soit Mo, en toute humilité qui fasse cet aveu, le jour de la cérémonie : « En Chine, le livre à la hauteur de l’époque que nous vivons, reste à écrire ».

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