Le Vent de la Chine Numéro 37 (2022)
A peine adoubé dans son troisième quinquennat, le Premier secrétaire du PCC, Xi Jinping, entame un agenda dense, manifestement concocté depuis des mois.
L’« élection » du leader et des organes de direction eut lieu le 22 octobre. Quelques jours seulement ont suffi pour voir la première action du quinquennat, aux accents éminemment symboliques. Ainsi, le 27 octobre, avec les six autres membres de son nouveau Comité Permanent (alliés d’une loyauté indiscutable), Xi voyageait à Yan’an (Shaanxi), au « saint des saints » de la révolution chinoise.
Cette escapade touristique était là pour rappeler au peuple la prééminence de l’idéologie sous Xi Jinping. Yan’an est le site de la base de Mao, de 1937 à 1947, où il avait imposé la stalinienne dictature du prolétariat. Ce pèlerinage faisait pendant à deux autres, effectués en début de chacune de ses législatures : en 2012, à Pékin (à l’exposition du « rajeunissement national »), puis en 2017, à Shanghai (au siège du premier congrès clandestin du Parti).
En l’occurrence, le voyage servait aussi à remémorer le recentrage maoïste opéré par Xi depuis 2012, après 30 ans d’une gouvernance plus libérale inspirée de Deng Xiaoping. A Yan’an, Xi devait rappeler « qu’à travers le mouvement de rectification de Yan’an, le Parti s’était uni sous la bannière de Mao, réalisant une unité sans précédent ». C’était un avertissement aux critiques qu’il venait d’essuyer au sein du Parti, de la part des militants inquiets d’une possible dérive totalitaire. Pour Bill Bishop, l’analyste américain, « un des messages de Xi (à ses objecteurs) semble être de se préparer à des temps difficiles, et à la lutte ».
A Yan’an, Xi Jinping cependant avait un autre souvenir en tête : celui de son père Xi Zhongxun qui avait conquis la zone par les armes et créé à Yan’an sa « base révolutionnaire du Nord-Ouest », gagnant ainsi ses galons historiques. Pour Xi Jinping, ce voyage mettait donc en valeur sa propre légitimité, en tant que fils de héros révolutionnaire, et en tant qu’ancien « jeune instruit » ayant vécu de 13 à 18 ans à Liangjiahe, en pleine « Terre Jaune » à quelques dizaines de kilomètres de là. De l’aveu de Xi lui-même, ce séjour aurait forgé son identité de communiste aux reins d’acier. Toute cette symbolique a bien sûr été mise en scène durant son voyage : à Yan’an, la visite dans un verger chargé de pommes écarlates (cf photo) fait allusion transparente à la récolte de fruits socialistes que le régime s’apprête à engranger après 73 ans de leadership.
En même temps, Xi a procédé à une série de chaises musicales de ses proches, à des postes clés. Le ministre de la Sécurité d’Etat Chen Wenqing entre au Politburo (c’est le 1er policier à obtenir une telle élévation), et va diriger la Commission Centrale des Affaires Politiques et Légales. Il est remplacé au ministère par Chen Yixin. Chen Jining, maire de Pékin, devient secrétaire du Parti à Shanghai, à la place de Li Qiang, qui devrait devenir Premier ministre, en mars prochain. La mairie de la capitale reviendra à Yin Yong, jusqu’alors vice-maire et secrétaire du Parti. Le patron de la propagande Huang Kunming hérite du Guangdong. Il est remplacé par Li Shulei, 58 ans, qui prend au passage un siège au Politburo. Enfin Qin Gang, l’incendiaire « loup combattant » à la tête de l’ambassade chinoise à Washington, monte au Comité Central, un marchepied pour devenir ministre des Affaires étrangères l’an prochain. Qin Gang passe pour n’avoir aucune expérience en relations internationales, mais d’une fidélité et des relations des plus étroites avec Xi. Ce qui promet, si la prédiction se réalise, des jours difficiles pour les rapports avec les pays que Xi souhaite ouvertement « remettre à leur place ».
Puis Xi Jinping reprit l’agenda des visites internationales qui rouvrent un carrousel mis en veilleuse le temps du Congrès. Le 1er novembre, Nguyen Phu Trong, secrétaire du Parti vietnamien, est reçu en grande pompe, avec 21 coups de canon. Xi désire renforcer les contacts économiques avec ce petit voisin « frère socialiste », y amenuiser tant que faire se peut l’influence occidentale, et lui faire oublier l’empiètement chinois sur ses eaux territoriales, et les archipels des Paracels et Spratley.
Le 2 novembre, Xi recevait le Premier ministre du Pakistan, Shahbaz Sharif, le pays le plus « gâté » par la Belt and Road Initiative (BRI), avec la construction d’un « corridor économique » nord-sud, ponctué d’infrastructures pour un total de 62 milliards de $. Les deux hommes ont discuté de la dette pakistanaise liée à ces travaux, de leur reprise « accélérée », et de la sécurité des personnels chinois – en butte à la violence au Baloutchistan, au sud du pays. Les deux leaders ont aussi discuté d’investissements communs en Afghanistan, comme manière de stabiliser ce pays, sous contrôle des Talibans, isolé et au bord de la faillite.
Enfin et surtout, Xi rencontrait vendredi 4 novembre le chancelier allemand Olaf Scholz qui lui apporte un cadeau inespéré en validant, contre l’avis de six de ses ministres et l’ensemble des pays alliés, le rachat par l’armateur chinois COSCO de 24,9% d’un terminal au port de Hambourg. Ancien maire de cette ville hanséatique, Scholz, avec cette décision contestée, s’est mis à dos bon nombre de pays alliés, dont les Etats-Unis et la France, ainsi que le FDP, le partenaire minoritaire dans sa coalition. Sa visite exprime l’espoir d’une reprise économique chinoise déjà perceptible (+3,4% au 3ème trimestre), dont l’Allemagne bénéficierait et qui lui permettrait de prolonger son modèle basé sur l’export haut de gamme. Scholz en tout cas, offre ainsi à Xi, sans contrepartie, un autre cadeau précieux : le fait de briser l’encerclement international que Joe Biden rêvait de lui faire subir !
Quand Xi Jinping en août 2021 annonça son programme de « prospérité commune » et son idéal de supprimer les écarts entre riches et pauvres, le monde chinois dans son ensemble, fut partagé entre espoir et scepticisme. Serait-il enfin possible de répartir les ressources de manière équitable entre tous, citadins comme paysans, et de voir la fin de la désespérante course à la fortune pour une poignée de cadres suivant des voies invariablement douteuses ou illégales ? A partir des années 80, l’écart des richesses n’a cessé de s’accroître, après que Deng Xiaoping ait proclamé qu’il était légitime que certains puissent s’enrichir avant les autres. De ce fait, l’enrichissement inéquitable atteignait un point critique, compromettant la stabilité sociale. Dès son accession au pouvoir en 2012, Xi Jinping commençait à s’en inquiéter et à chercher les moyens de sortir de la spirale infernale. Le XXème Congrès semble alors annoncer une accélération de la rectification, en fixant l’objectif d’atteindre « graduellement une prospérité commune pour tous ».
Mais comment le régime compte-t-il s’y prendre ? Depuis 2015, Xi Jinping commençait à retirer la faveur aux milliardaires et aux groupes privés, tout en annonçant des « contrôles plus sévères sur les voies empruntées pour accumuler la richesse dans le pays » – euphémisme pour préparer la confiscation des fortunes mal acquises. C’étaient les « tigres », hauts cadres du Parti, qui perdirent leur patrimoine avec leur liberté.
C’était le retour à la méthode de Mao dans les années 50, contre les magnats ruraux, industriels ou d’affaires. Mais pour éviter la rupture de la croissance, voire une crise politique majeure, Xi ne pouvait frapper qu’une infime minorité des grands corrompus – essentiellement parmi ses rivaux et ennemis – et cette méthode « passive » (punir les riches) ne pouvait régler le problème, il fallait trouver quelque chose pour enrichir les pauvres tout en protégeant la pompe de création de richesse et d’emplois.
La NDRC, le super ministère chef d’orchestre de l’économie chinoise, tente une expérience inédite en désignant le 2 novembre une zone pilote d’une expérience de prospérité commune. D’ici 2035, le district de Jiashan (Zhejiang) doit faire passer 82% de sa population de 648 000 habitants dans la catégorie de la « moyenne aisance ». Pour ce faire, des règles et outils seront déployés à travers ses six villes et 146 villages. A l’évidence, la zone pilote a fait l’objet d’une sélection rigoureuse, histoire de se donner les meilleures chances de réussir. Situé aux portes de Shanghai, doté de terres fertiles, d’innombrables industries rurales, de foires et d’investissements locaux et étrangers, le district compte parmi les plus prospères du pays. Ici, l’écart de revenu entre ville et campagne s’élevait en juin à 1,35 – d’emblée inférieur à l’objectif national de 2 contre 1.
Le plan de la NDRC pour parvenir à combler les écarts de richesse à l’intérieur du territoire, nous laisse à vrai dire sur notre faim, étant court et vague. L’enrichissement doit d’abord provenir de la recherche et développement qui doit d’ici 2035 atteindre en investissement 4% du PIB local. Il doit être servi par « l’intégration accélérée des villes et villages » – sans doute par un maillage plus dense des transports, « l’approfondissement de la réforme des coopératives rurales », et par un programme-pilote de « partenariat limité étranger qualifié », pour attirer des projets technologiques de production ou transformation agricole. Le territoire bénéficiera aussi d’exemptions au cadre national d’approbation des investissements.
Parmi les « gadgets envisagés » pour améliorer le niveau de vie moyen, devraient aussi figurer ces « cantines » et « cafétérias publiques » dont on parle fort ces temps-ci, omniprésentes dans les années 80, que Xi Jinping souhaiterait réintroduire en version modernisée.
A Jiashan, se retrouve aussi un autre leitmotiv cher à Xi Jinping : la satisfaction des besoins « spirituels » du district. Déjà en place depuis 2015, la « banque de crédit culturel » va être développée, consistant en un système de points et de petits cadeaux offerts aux habitants, en échange de leur participation entre autres aux représentations d’opéra « Wei », très populaires au Zhejiang, chanté en dialecte.
Liu Shangxi, président de l’Académie nationale des sciences fiscales, précise une condition essentielle au succès du projet : que soient éliminées les causes structurelles de l’appauvrissement des campagnes. Le professeur Liu veut parler du « hukou » (document administratif) qui rive le paysan à sa campagne, et le lie à la faiblesse des services sociaux (école, hôpital, retraite, couverture maladie…) au village, lui rendant difficile de vendre sa terre ou de la transmettre à ses enfants en héritage, la quasi-interdiction de crédits dans les banques rurales…
Egaliser les chances entre ville et campagne, signifierait donc aussi harmoniser les couvertures sociales et le droit du sol à travers la nation. Autant dire qu’une tâche immense de modernisation reste à faire à travers le pays, dont Jiashan pourrait être une première étape, avant de pouvoir espérer reproduire l’expérience sur d’autres zones tests, puis à l’ensemble du territoire national – à condition qu’elle soit une réussite !
Réservez dès à présent notre étude politique consacrée au XXème Congrès du Parti : un éclairage indispensable pour mieux comprendre les arcanes du pouvoir et anticiper les orientations politiques des prochaines années.
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Avant même sa conclusion, ce XXème Congrès du Parti s’annonçait à la fois comme celui de la rupture (des règles de succession et des normes internes) et de la continuité (du leadership de Xi Jinping et de ses politiques), oscillant entre le prévisible (le statut renforcé de Xi) et l’imprévisible (la composition du nouveau leadership).
Rares sont ceux qui avaient anticipé que le dirigeant de 69 ans manifeste aussi explicitement sa toute-puissance et brise autant de conventions. Aucun « pékinologue » n’avait d’ailleurs correctement prédit la composition du nouveau Bureau Politique, tous les éventuels rivaux de Xi Jinping ayant été évincés et remplacés par des fidèles du Secrétaire général.
Certes, le leader a sécurisé un 3ème mandat inédit, mais est-il aussi puissant qu’on veut bien le dire ? A-t-il obtenu tout ce qu’il souhaitait de ce Congrès, comme un nouveau titre honorifique ou l’élévation de son idéologie ? Et plus fondamentalement, quelles politiques attendre de cette nouvelle équipe dirigeante, absolument loyale à Xi Jinping ?
Autant de questions auxquelles notre étude, réalisée en collaboration avec Alex Payette, cofondateur du cabinet Cercius, tâchera de répondre, en plus d’offrir les biographies détaillées des 24 membres du Bureau Politique et du Comité Permanent.
En guise d’aperçu, retrouvez ci-dessous le synopsis de l’étude ainsi que le portrait préliminaire de Li Qiang, futur Premier ministre.
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Le 24 octobre, sur la base de Wenchang (Hainan), une fusée Long March 5B se lançait vers l’espace, emportant Mengtian, un cylindre d’acier de 18 mètres de longueur pour 22 tonnes de poids. Six heures plus tard à 380km de la Terre, Mengtian s’arrimait à Tiangong, la station orbitale, sous la supervision des trois astronautes (parmi lesquelles une femme) à bord depuis juin. Par coïncidence, ce jour très symbolique marquait le 13ème anniversaire de la disparition de Qian Xuesen, le père fondateur du programme spatial chinois.
Après quelques heures, par un bras articulé de 5,2m de long, les trois modules de Tiangong étaient positionnés sous leur structure définitive en forme de « T », et une fois l’étanchéité de Mengtian vérifiée, les trois cosmonautes pouvaient prendre possession de leur salle supplémentaire. Avec 101m3 de volume rempli d’équipements de pointe, Mengtian est le laboratoire de la station.
L’énergie du module est fournie par 56m² de panneaux solaires. A l’intérieur, un circuit atomique de production de froid refroidit des atomes par rayonnement laser jusqu’à 10 pico kelvins de froid : c’est quasiment le zéro absolu à -273°C, et un nouveau record. Mengtian abrite également trois pendules atomiques dont une optique (d’une précision d’une seconde sur un milliard d’années), 20 mini-laboratoires à centrifugeuses et un four à haute température. Avec ces outils, la station se donne les moyens de tester, entre autres, diverses méthodes de prévention des incendies, et l’effet sur les cosmonautes du confinement de longue durée en orbite terrestre basse.
La station a la capacité de relâcher dans l’espace des minisatellites et petits vaisseaux spatiaux. A l’extérieur, 37 alvéoles sont là pour recevoir diverses plantes et organismes, histoire d’étudier sur eux l’effet de l’espace.
Déjà depuis juin, 12 000 graines de plantes aussi diverses que celles d’alfalfa, d’avoine, de melon, d’aubergine et des spores de champignons sont exposées pour six mois aux rayonnements cosmiques et à la microgravité, attendant le retour sur Terre à terme, pour y être cultivés et observés.
A bord de Tiangong, des plants de cresson et de riz ont déjà commencé leur germination. D’autres expériences portent sur la cristallisation de protéines, l’effet de la microgravité sur diverses masses osseuses et musculaires. Deux cabines de tests biologiques vont aussi permettre de faire se reproduire des algues, des poissons et des escargots, mais aussi des souris et des macaques – toute cette faune et flore devant donc être embarquée et entretenue durant une ou plusieurs rotations de navettes terrestres.
Cette expérience est étrange et inédite : après près d’un demi-siècle de présence humaine dans l’espace, on ignore toujours si la reproduction de mammifères y est possible. Une rare expérience tentée sur des souris par une mission russe à l’époque soviétique s’était soldée par un échec, les rayonnements cosmiques étant cités comme la cause la plus plausible.
Au total durant les 10 ans de vie de la station, plus de mille expériences seront réalisées, sélectionnées par la CMSA (l’Agence nationale de l’habitat spatial), la quasi-totalité proposées par une centaine de chercheurs locaux, sauf neuf venues de l’étranger, proposées par le bureau des affaires spatiales de l’ONU.
Bon nombre de ces expériences ont déjà été effectuées à bord de l’ISS, la station spatiale internationale. Loin d’être un doublon, ce travail sera précieux à la communauté spatiale mondiale, dit Paulo de Souza, astrophysicien australien, en permettant de vérifier si les premiers résultats sont reproductibles.
Pour créer la station orbitale, neuf fusées Long March ont été lancées depuis avril 2021. Deux autres rejoindront Tiangong d’ici décembre, pour acheminer vivres et matériels, et assurer une rotation d’équipe. La CMSA annonce pour début 2024 la prochaine étape dans l’équipement, avec l’arrivée de Xunjian, télescope de classe Hubble (2m d’ouverture, caméra de 2,5 de 2,5 milliards de pixels) avec pour mission, d’ici 2032, de photographier jusqu’à 40% de l’univers.
Résultat de 30 ans de préparation, cette station chinoise est déjà reconnue comme une brillante réussite, et va s’insérer naturellement dans le courant international de recherche sur l’univers.
La recherche spatiale chinoise comporte d’autres facettes aussi ambitieuses, telle l’implantation « d’ici 2032 » d’une station scientifique au pôle sud de la Lune (bassin Aitken), la création d’une station solaire sur orbite d’1 km² « au moins », pour une capacité de 10 000 MW, et la conquête de Mars, entamée en mai 2021 par l’atterrissage d’un véhicule d’exploration sur la planète.
De tels projets d’envergure devraient normalement resserrer les liens avec les autres nations impliquées dans la recherche spatiale – et vu leur intérêt brûlant, un témoin comme le spationaute français Thomas Pesquet estime le rapprochement inéluctable, notamment pour lancer l’humanité à la conquête de Mars.
Aujourd’hui pourtant, on en est loin. Depuis des décennies, les Etats-Unis s’interdisent par la loi toute coopération avec la Chine dans ce domaine. La confiance manque. Ici, le fait que ce programme soit sous la tutelle directe de l’Armée Populaire de Libération, et l’orientation ombrageusement nationaliste du pouvoir chinois, ne permettent malheureusement pas d’augurer d’un rapprochement avant sans doute des années avec les autres puissances spatiales, Russie exceptée – sous réserve !
Recension du livre de Caroline Boudehen « Le Boom de l’Art Contemporain en Chine » ( 2022, éditions de l’Aube).
Le temps est loin où, dans les années 1980, les étudiants des Beaux-Arts, face à l’inexistence de lieux d’exposition dédiés, squattaient le week-end les appartements des expatriés pour y suspendre leurs œuvres très inspirées par leurs écoles, aux références des grands maîtres occidentaux. On y trouvait la quête d’une réalité sociale chinoise, avec une mise en résonance des problèmes sociaux du moment. Déjà, il émanait la recherche d’identité de leur génération. Inutile de dire que ces œuvres étaient cédées à des prix modestes : la motivation de vendre et d’être reconnus primait de loin sur celle de gagner leur vie. Mais les temps ont changé, un chemin immense a été parcouru et l’art contemporain chinois a atteint une renommée mondiale, s’imposant dans les musées des cinq continents, dont les œuvres s’arrachent pour des sommes considérables.
L’opus de Caroline Boudehen fait état de ce boom, plus spécifiquement à Shanghai, entre 2017 et 2022. Un marché est né, qui a centuplé le nombre de galeries représentant les artistes chinois, créant un engouement inédit auprès de nouveaux clients, notamment les milléniaux et la génération Z. « Ultra connectée, attirée par la nouveauté, cette génération constitue une manne considérable pour les nouveaux marchés, dont l’art contemporain se situe aux première loges », observe C. Boudehen. La jeune Chine urbaine se cherche des références, le désir irrésistible de se voir reconnaître comme nation chinoise, dans ses différences de goût, de perception et de racines, et se mue sans complexe en acheteurs d’art.
Explose alors un marché d’un dynamisme que seule la Chine connaît. Même aux moments les plus sombres de la Covid de 2020 et 2021 à Shanghai, les éditions des foires-expos phares Art 021 et West Bund Art & Design, que visitaient 80 000 curieux, connurent un plus grand succès que les années précédentes. Les galeries sont aux mains de jeunes souvent reconnus dans le monde entier, tel Xu Zhen, fondateur en 2014 de l’espace MadeIn ou David Chau, collectionneur et mécène. A ceux-ci s’ajoutent des étrangers venus s’installer dans cette capitale de tous les possibles : tel Lorenz Helbling, ancien étudiant à Shanghai et créateur en 1987 de ShangART, une des galeries incontournables de la mégalopole.
Au niveau des thèmes, toutes les bandes passantes se retrouvent, même les plus contradictoires. Par rapport à 10 ans plus tôt, l’inspiration s’est refocalisée sur des sujets intérieurs, renonçant résolument à toute reconnaissance internationale, pour satisfaire un public local qui lui suffit désormais pleinement. On devine l’abandon des sujets critiques du régime – par réalisme, pour prévenir une censure devenue plus tatillonne, et pour suivre les goûts du public qui recherche une harmonie de l’entre-soi.
Pour autant, selon Xixing Cheng, fondatrice de la Don Gallery, l’obligation d’acheter patriotique, bien présente, n’est pas majoritaire. Au contraire, des poids lourds internationaux ont la cote, tels les peintres Eddy Martinez ou Loie Hollowell. De par sa jeunesse, le marché ouvert et éclectique n’hésite pas non plus à faire confiance aux artistes émergents, plus abordables. Ces acheteurs, souvent pas encore trentenaires, expriment une horreur du banal : il leur faut de l’unique, pour afficher leur goût.
Autre courant original de cette floraison : suivant l’engouement pour le luxe dont le marché augmentait de 45% en 2020, artistes et commerces s’allient pour métamorphoser les rues de la métropole du Yangtzé par l’éclosion de styles nouveaux, concept-stores avant-gardistes soutenus sur la toile : live-streaming, pop-ups en ligne, mini-programmes sur WeChat attirent vers ces espaces où essaiment les œuvres exposées. Ainsi se crée et maintient un « buzz » permanent avec des dizaines de milliers de jeunes branchés aux bons salaires, occasionnant l’achat régulier d’œuvres en milliers voire dizaines de milliers d’euros.
Les géants du luxe contribuent par des événements qui font date, comme « The Artist is Present » de Gucci au Yuz Museum (2018), « Volez, Voguez, Voyagez » de LVMH au Shanghai Exhibition Center (2018) ou « Mademoiselle Privé » de Chanel au West Bund Art Center (2019). D’autres synergies associent un artiste et une firme occidentale, comme Daniel Arsham avec Porsche ou Disney (2020) ou la même année avec David Shrigley en partenariat avec Ruinart.
En résumé, tel que décrit dans « Le Boom de l’Art Contemporain en Chine », cet art chinois en 2022 apparaît en pleine transition et effervescence, en avance sur son temps sous l’angle du dialogue avec le public. Plus que partout ailleurs, il est sorti de sa tour d’ivoire. Pour autant, il n’est pas que cocardier : avec courage et modernité, il poursuit l’exploration sur sa propre identité. Comme l’exprime la sculptrice féministe Liu Xi, autrice de la série « Our God is Great » sur le corps féminin, de formes de porcelaine de Jingdezhen : « J’essaie de montrer ce qui est d’habitude caché… et de mettre en avant un ‘nous’, plutôt qu’un ‘moi’ » !
Venez écouter le 38ème épisode des « Chroniques d’Éric », journaliste en Chine de 1987 à 2019 et fondateur du Vent de la Chine.
Voici mon bilan du XXème Congrès du Parti Communiste Chinois qui vient d’adouber Xi Jinping, l’indéboulonnable triple chef du Céleste Empire (Chef du Parti, de l’Etat et de l’Armée populaire de libération). Le Congrès s’est joué selon une partition parfaitement lisse, comme la carte perforée d’un orgue de barbarie. A un incident près cependant, que je vais vous raconter.
Cela dit, cet épisode se veut aussi un cri d’alarme, et un « rappel de soi » à la nation européenne – que celles et ceux qui m’entendent, me croient et passent le message. Car ce que Xi vient d’obtenir, l’œuvre de sa vie, n’est autre chose qu’une machine de guerre, et le hasard de l’histoire lui offre en Vladimir Poutine un allié inespéré, pour nourrir des ambitions hégémoniques sur ses voisins d’abord, puis sur la planète. – Eric Meyer
5-10 novembre, Shanghai : CIIE – China International Import Expo, Salon international des importations de Chine
6-18 novembre, Charm el-Cheikh (Egypte): COP27 – Conférence de Charm el-Cheikh, conférence internationale de l’Organisation des Nations unies sur le climat
8-13 novembre, Zhuhai : Airshow China, Salon international de l’aéronautique et de l’espace
9-11 novembre , Qingdao : API CHINA, Salon chinois de l’industrie pharmaceutique. REPORTE du 6 au 8 décembre 2022
12-13 novembre, Shanghai : FIBO CHINA, Salon international du fitness, du bien-être et de la santé en Chine et en Asie
14-16 novembre, Shanghai : SWOP, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’emballage. REPORTE, date à confirmer
15-17 novembre, Shenzhen : IE EXPO, Salon professionnel international de la gestion et traitement de l’eau, du recyclage, du contrôle de la pollution atmosphérique et des économies d’énergie
16-18 novembre, Canton : Asian Flower Industry Expo, Salon asiatique de l’industrie des fleurs
17-20 novembre, Nanjing : MUSIC CHINA, Salon international des instruments de musique et des services
18-20 novembre, Chengdu : CAHE – China Animal Husbandry Exhibition, Rencontre internationale pour les professionnels de l’élevage en Chine
18-20 novembre, Canton : Silver Industry Guangzhou, Salon chinois et congrès de l’industrie des soins aux personnes âgées
20-22 novembre, Shanghai : HOTELEX SHANGHAI, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’industrie hôtelière
20-22 novembre, Shanghai : FHC CHINA, Salon international de l’agro-alimentaire
20-22 novembre, Shanghai : PROPAK CHINA, Salon spécialisé dans la transformation alimentaire et l’emballage
20-22 novembre, Shanghai : RUBBERTEC CHINA, Salon dédié aux machines de traitement du caoutchouc, produits chimiques, aux additifs et matières premières. ANNULE, Reporté à 2023
23-25 novembre, Canton : CGMT, Salon international des machines-outils CNC
23-26 novembre, Shenzhen : CMEF – China Medical Equipment Fair, Salon chinois international des équipements médicaux
24-26 novembre, Shanghai : CIBE SHANGHAI – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté
24-27 novembre, Chongqing : CWMTE, Salon international des machines de production
25-28 novembre, Shanghai : CEMAT ASIA, Salon des matériels de manutention, des techniques d’automatisation, de transport et de logistique
25-28 novembre, Shanghai : PTC ASIA 2022, Salon de la transmission et du contrôle de puissance, l’hydraulique et la pneumatique, les techniques de l’air compressé, les moteurs à combustion interne et les turbines à gaz
27-29 novembre, Canton : China International Metal and Metallurgy exhibition, Salon international de la métallurgie
29 novembre-1er décembre, Qingdao: CAC SHOW, Salon international et conférence dédiés à l’agrochimie et aux technologies de protection des récoltes
30 novembre-2 décembre, Shenzhen : NEPCON ASIA, Salon international des matériaux et équipements pour semi-conducteurs
30 novembre-4 décembre, Shanghai : CIIF – China International Industry Fair, Foire industrielle internationale de Shanghai (industrie du métal et machine-outil, automatisation industrielle, technologies de l’environnement, technologies de l’information et des télécommunications, énergie, technologies aérospatiales…)
1-3 décembre, Shanghai : EP Shanghai / Electrical Shanghai, Salon international des équipements électriques
1-4 décembre, Shenzhen : DESIGN SHENZHEN, Salon international du design, de la décoration et de l’architecture intérieures
2-4 décembre, Yantai : CINE – Chine International Nuclear power industry Expo, Salon international de l’industrie nucléaire
2-4 décembre, Canton : THE KIDS EXPO, Salon international de l’éducation des enfants en Chine
2-3 décembre, Pékin : ALLFOOD EXPO, Salon international de la confiserie, des snacks et des glaces