Cet article est le second d’une série consacrée aux leaders de demain qui sera publiée à chaque numéro du Vent de la Chine d’ici l’ouverture du XXème Congrès le 16 octobre prochain. À l’occasion de cet événement politique hors du commun, nous publierons une étude offrant une analyse des rapports de force en présence et les portraits des 25 dirigeants les plus influents du pays pour les cinq prochaines années. Un éclairage indispensable pour mieux comprendre les arcanes du pouvoir chinois et les orientations politiques qui en découlent – à paraître fin 2022 (600 euros). Pré-commandez-la dès maintenant en nous contactant ! Pour retrouver un aperçu de notre précédente étude réalisée lors XIXème Congrès en 2017, cliquez ici.
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Certains le surnomment « l’alter ego » de Xi Jinping. Homme de l’ombre, Ding Xuexiang (丁薛祥) n’a jamais exercé de responsabilités de premier plan. Cela ne l’a pourtant pas empêché de gravir tous les échelons du pouvoir, ou presque.
Ingénieur de formation comme beaucoup d’autres cadres de cette génération, ce natif de Nantong (Jiangsu) en 1962 a passé une bonne partie de sa carrière à Shanghai. Bureau général, Commission des affaires politiques et légales, Département de la propagande… Ding est un pur « produit institutionnel » du Parti.
Alors qu’il travaille en tant que vice-directeur du Département de l’organisation et directeur du Bureau municipal du personnel, son patron Chen Liangyu, secrétaire du Parti de Shanghai, tombe pour corruption.
Celui-ci sera remplacé en 2007 par un certain Xi Jinping – une rencontre qui sera déterminante pour le reste de sa carrière. Même si Xi ne reste que quelques mois, le futur maître de la Chine repère rapidement les qualités du « jeune » fonctionnaire : son talent de rédacteur de discours, sa mémoire d’éléphant et sa personnalité discrète. « Les assistants doivent planifier avec le cœur d’un commandant, même s’ils ne sont que de simples soldats », écrivait alors Ding lorsqu’il était posté à Shanghai.
Après le départ de Xi, Ding servira jusqu’en 2012 Yu Zhengsheng, nouveau patron de Shanghai (un fidèle de Jiang Zemin), puis son successeur Han Zheng pendant quelques mois, avant que Xi ne l’appelle à Pékin en 2013 pour en faire son secrétaire particulier (秘书). Ding présente en effet l’avantage de n’avoir aucune relation dans la capitale, et ne sera donc pas tenté de divulguer les affaires privées de Xi.
Devenu l’un des plus proches confidents du Président, Ding Xuexiang l’accompagne très souvent en déplacement à l’étranger. En 2015, alors que Xi rend visite à Barack Obama, Ding s’abstient volontairement de se mêler aux interlocuteurs américains. Encore le 1er juillet dernier, le fidèle Ding faisait partie de la délégation en déplacement à Hong Kong à l’occasion du 25ème anniversaire de la rétrocession de l’ex-colonie britannique à la Chine.
L’heure de la consécration arrive fin 2017, lors du XIXème Congrès : Ding est non seulement promu au Bureau politique à seulement 55 ans (second plus jeune cadre après Hu Chunhua), mais il prend aussi la direction du Secrétariat du Président ainsi que de l’influent Bureau général du Comité central. Ce dernier gère les déplacements, la santé et la protection des leaders et de leurs familles, ainsi que toutes les communications cryptées…
L’ascension de Ding ne devrait pas s’arrêter là. En tant que « cadre de la 6ème génération » (né après 1960), Ding Xuexiang est bien placé pour intégrer le Comité Permanent lors du XXème Congrès de 2022, soit en tant que patron de l’Assemblée nationale populaire (ANP), soit en tant que président de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC), voire en remplacement de Wang Huning, idéologue en chef.
Sur le papier, il réunit tous les critères : primo, il a la confiance de Xi Jinping ; secondo, il est dans la fleur de l’âge (60 ans) ; tertio, son prédécesseur, Li Zhanshu, a lui aussi obtenu une place au Comité Permanent en 2017 (en tant que patron de l’ANP) et a aujourd’hui atteint la limite d’âge.
S’il n’obtient pas une promotion lors du XXème Congrès, Ding Xuexiang aura encore ses chances en 2027, car il n’aura que 65 ans.
En fin de compte, son destin politique – comme celui de tous les secrétaires particuliers – dépendra essentiellement du degré d’influence de son patron, et de l’opposition qu’il rencontre.
1 Commentaire
severy
6 septembre 2022 à 22:53L’irrésistible ascension de Ding Xuexiang ou l’approche du rémora.