Editorial : Li Peng à Paris – l’introuvable programme!

La visite du Premier Ministre Li Peng s’annonce sous un ciel maussade.

Son programme officiel, qui n’a été annoncé que samedi (à trois jours du départ le 9 avril), révèle un séjour écourté de deux jours pour l’étape française, et la suppression des séjours prévus au Luxembourg et aux Pays-Bas.

C’est dire les difficultés qu’a entraîné la préparation de cette visite, quelque soit la volonté -qui ne fait aucun doute- déployée de part et d’autre pour aboutir. A ce recul partiel, deux raisons parallèles :

[1] A l’initiative de plusieurs pays d’Europe, dont la France et l’Allemagne, la Communauté Européenne avait offert à Pékin de renoncer à soutenir, à Genève, le « Sous Comité des Droits de l’homme » dans sa tentative de condamnation de la Chine, en échange d’une signature d’ici décembre de deux conventions « O.N.U. » sur les Droits de l’Homme. La manoeuvre a échoué, par refus de Pékin, qui semble convaincu de contrôler la majorité dans cette enceinte. Du coup, les 15 européens vont voter pour la résolution critique, causant l’ire de la Chine.

[2] Le Premier Ministre, qui n’a jamais oublié les calicots et slogans contre lui en Allemagne en 1994, s’est inquiété des préparatifs de manifestations en France et dans les deux autres pays-hôtes.

Or, pour m. Li Peng, cette visite française est une qu’il ne peut se permettre de rater, faute de perdre ses chances dans l’actuelle bataille de succession : du point de vue chinois, en juillet 1989, la France de François Mitterrand avait « insulté » la Chine en dénonçant le massacre de la place Tian An Men. Si Li Peng réussit une visite « digne et honorable » (sic), il aura « effacé le passé » -et prouvé ses capacités à représenter la Chine. Dans le cas inverse, la perte de face sera celle du pays, et Li devra en tirer les conséquences!

Le risque était plus grand que le Premier Ministre ne pouvait se le permettre. Il joue donc au plus serré, mais avec pour résultat négatif que sa visite n’aura pas la dimension historique qu’il eût pu espérer en retirer, premier Chef de Gouvernement chinois atterrissant à Paris depuis 12 ans avec la visite de Zhao Ziyang, et venant sanctionner, côté chinois, le grand projet d’ « alliance du 3ième millénaire » réclamée par Jacques Chirac!

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