Editorial : Fin de session – fin de règne

A l’issue de la session de l’ANP, chaque année, la conférence de presse du 1er ministre est une tradition établie, permettant d’humaniser le rapport entre pouvoir et monde (intérieur et étranger).

Celle de 2002, avec Zhu Rongji, promettait de la couleur, étant la dernière de son mandat, voire de sa carrière. Les fois précédentes, Zhu (petite voix, visage terne et regard d’aigle) avait truffé ses remarques de boutades primesautières et personnelles, voire d’humeur, se démarquant du style politique local sphyngien.

Cette année, au contraire, Zhu se refusa à toute information, analyse ou position fraîches. Comme tenu au secret par la discipline de fin de mandat, ce fut un homme fatigué, poli et langue nouée qui parla pour rappe-ler ses succès, additionnant centrales électriques, routes et lignes de chemin de fer pour bétonner sa propre image historique. Le message étant : le cabinet Zhu a beaucoup travaillé, et tenu ses promesses.

Seuls deux points semblèrent un instant sur le point d’arracher Zhu à son affabilité éteinte :

[1] quand il fut interrogé sur « ses nuits blanches et son plus grand échec »: le bas niveau du revenu agricole, fut la réponse (prévisible), échec aggravé par l’entrée à l’OMC, qui va accélérer l’invasion des produits US à bas prix;

[2] et quand il dénonça le protectionnisme US sur son marché sidérurgique (cf col. droite), déclarant son « envie » (un rien ironique) de taxer de 30%, par rétorsion, les OGM de soja yankee…

Au début de la conférence, Zhu avait réfuté l’expression anathème d’un journal hongkongais qui l’avait surnommé Monsieur déficit: « les 37MM$ de déficit du budget 2002, correspondent à des invests… C’est un capital, pas une dette ». A la fin, il fustigea la FEER, autre organe du «rocher», qui l’accusait de virage autoritaire, ces derniers mois, et de « fixer les gens, taper du poing sur la table, pour impressionner le peuple » : « je n’ai jamais fait cela », nia-t-il, « et le peuple ne croira jamais ce genre d’accusation. Ce que je veux, c’est impressionner les corrompus »…

Ce que l’on aura retenu surtout de cette conférence, genre de chant du cygne, aura été le soin un peu vain du vieux leader, à collectionner tous les commentaires, portraits et citations touchant à sa haute personne, surtout dans la presse étrangère – pour les récuser!

 

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