Du 12 au 18/2, au monastère taoïste du Nuage blanc, la fête lunaire atteignit une ferveur inégalée. Par centaines de milliers, en 8 jours, pékinois et banlieusards firent la queue pour se prosterner devant chaque statue d’arhats, de bouddhas et de déesses, y brûlèrent des M de bâtons d’encens, et jouèrent à mille passe temps populaires exhumés de l’oubli, tandis qu’à l’extérieur, les rues s’étaient muées en kermesses et cantines.
Ce qui frappa le plus, fut la multiplication des prières, rites et costumes d’autrefois tel le tangzhuang, remis à l’honneur en oct. à Shanghai (Sommet de l’APEC) par… Jiang et Bush : coqueluche du printemps lunaire, il s’en est vendu pour 400 MY. Jamais en 15 ans on n’avait vu dans la capitale un tel regain de ferveur. Détail étrange: cette fête nationale se cantonna sur peu de sites, presque tous votifs à l’origine – les monastères du Nuage blanc, des Monts de l’Ouest, les parcs Ritan, Tiantan, Ditan (temples du soleil, du ciel, de la terre)…
Ostensiblement, aucune fête ne fut déployée sur les lieux du pouvoir laïc telle la place Tian An Men. Par contre, dans les temples, la fête était financée par l’Etat, encadrée par la police… Tout ceci donne le symptôme d’une tendance neuve et inattendue : inquiet de la dérive morale, d’apparitions comme le Falungong, le socialisme tente la fugu, restauration des valeurs qu’il combattit durant 50 ans, et fait ses premières armes, en matière de séparation de l’église et de l’Etat!
Sommaire N° 7