Les 27 et 28 août, pour le 35ième anniversaire des relations sino-allemandes, Angela Merkel n’a pas failli à sa réputation de « main de fer dans un gant de velours ».
Dès son arrivée aux affaires, elle avait rompu les années d’amitié sans critiques de son prédécesseur Gerhardt Schroeder. Elle avait dénoncé sans état d’âme les actions autocratiques de Pékin sur l’opinion. Tout d’abord, Pékin peu habituée, lui avait tenu rigueur, comme en mars 2007 à Berlin, par la voix de son ambassadeur. Mais la chancelière tenait bon, et pas moyen pour la Chine, de faire l’impasse sur cette puissance commerciale !
Angela Merkel arriva à Pékin en position de force, et y imposa un style très différent : renonçant à la traditionnelle course aux contrats (seul, Thyssen signe une JV de vilebrequins à 200M$ près de Nankin), elle réclamait de parler avec Hu Jintao, Wen Jiabao et tous les preneurs de décisions. Il s’agissait désormais de communiquer, dans un style quasi-scolaire, tout en exprimant sans ambiguïté ses valeurs. Il s’agissait aussi de désigner au partenaire le plus court chemin pour affronter ses propres crises, tout en négociant sur tous les fronts conflictuels à la fois, les maillons faibles de la relation entre ce pays en développement et le monde riche :
– Contre le réchauffement global, quatre mois avant la ronde de Kyoto-II, (en décembre à Bali) Angela Merkel suggéra que si la Chine prend des engagements contraignants, elle recevrait en échange sa part des technologies européennes d’économies d’énergie. Est-ce un hasard si juste après, Hu s’engagea à soutenir, à Vienne cette semaine, une « déclaration commune » de l’APEC, sur ce sujet ?
– Sur les droits de l’homme, Angela Merkel rappela que «la dignité humaine est indivisible», et s’entretint avec des journalistes dissidents, dont Li Datong, journaliste limogé pour sa plume libre, qui lui fit cet hommage : « fille de l’Est (fille d’un pasteur de RDA), elle nous comprend mieux que d’autres leaders de l’Ouest ».
– Aux femmes, elle lança cet encouragement rare : « vous avez besoin de promotion sociale », et à leurs maris, « soutenez vos épouses et vos familles ».
En fait de concurrence internationale, elle martela que des nations-partenaires, pour s’entendre, devaient jouer le jeu commercial avec les mêmes règles.
Angela Merkel, qui inaugura aussi à Nankin trois ans de renforcement des liens et d’image de leurs pays, suggéra qu’elle retournerait à Pékin chaque année. Manière de bâtir l’avenir commun sur un travail d’influence, et non plus seulement sur quelques gros contrats !
Sommaire N° 28