Tradition solide en Chine chaque mars, lors de la session du Parlement (ANP) : Taiwan voire Hong Kong profitent de la distraction momentanée du pouvoir, pour exprimer leurs velléités centrifuges!
A Formose, le ton a été donné le 4/03 par le Président Chen Shui-bian, leader du DPP, parti des ethnies Hakka et Minnan : lors d’un banquet, il osa soutenir la séparation, une nouvelle Constitution, un Etat d’un autre nom et l’entrée à l’ONU. C’est un déni de son engagement électoral de 2000. Il va avec la suppression du mot 中华 « Chine » des timbres et des noms de groupes d’Etat, et celle des statues de Chiang Kai-chek. Il va de pair avec la livraison imminente d’armes US, dont 453 missiles AMRAAM et 235 Maverick pour 421M$. Agacé, Guo Boxiong, n°2 de l’armée (vice-président de la Commission militaire centrale – CMC) a rappelé avec pompe et emphase à l’ANP le « devoir sacré » de l’APL – l’Armée – d’aller reprendre l’île, si elle ose sauter le pas de l’indépendance, passant outre les avertissements de l’allié américain.
Moins impressionné, Li Zhaoxing le ministre des affaires étrangères a conseillé à la presse de « ne pas relever » les dires du « dirigeant local », et Wen Jiabao a rappelé que la porte restait ouverte à la négociation. Ligne molle donc, comme celle d’un camp sentant qu’il « tient le bon bout », face à un Président Chen usé par le pouvoir et sous la suspicion de corruption. Finalement, les plus choqués sont les vieux leaders du KMT Kuo Min Tang, dont Lien Chan, ex-1er ministre, qui annonce sa visite en mai à Pékin, pour recoller les morceaux, discuter « réunification » et « accords touristiques »… s’il était élu en 2008.
A Hong Kong, les élus démocrates rêvant d’élection directe (contre la sensibilité du Parti communiste chinois qui redoute la même attente au-delà de la frontière) choisissent ce moment pour publier leur scénario. La populaire Anson Chan suggère le suffrage universel pour le chef de l’Exécutif en 2012, pour le Legco (Parlement) en 2016. Recueillant ainsi un large succès d’estime auprès de Donald Tsang, le n°1 de Hong Kong, et de son opposant Alan Leong. Très prudent, Pékin s’exprime tardivement par la voix de Wu Bangguo, le Président du Parlement : la réforme du système politique de Hong Kong est « du seul ressort du pouvoir central »… Parole critique, mais qui à vrai dire, n’engage pas l’avenir !
Sommaire N° 10