Pol : Chine : la multiplication des évêques

La multiplication des évêques

Wen Jiabao est à Dalian (Sommet de Davos), Hu Jintao à Sydney, (APEC), et  tous les autres édiles de la nation ont les yeux rivés sur le XVII. Congrès.

C’est le moment que choisit Liu Bainian, «n°2» (en fait, patron) de l’Association Patriotique Chinoise, l’église officielle catholique, pour annoncer une imminente abondante moisson d’évêques, avec ou sans l’aval du Pape.

Le problème de Liu : un concordat est inévitable, probablement proche, apportant la réconciliation et le retour du Pape en Chine. Las de voir proliférer sectes et chapelles clandestines, Pékin veut rendre aux églises « bona fide » les moyens de formation suffisamment de prêtres, et d’assurer leur discipline interne. Pour vider de son sens cette normalisation où il perdra tout, (et avec lui, tous les prélats « rouges »), Liu doit remplir tous les postes avec ses ouailles. Pour ce faire, il a un alibi en or : 40 diocèses sur 97 sont sans évêque et de ce fait se meurent – la foi n’attend pas. Et Liu a l’intelligence de nommer des hommes jeunes (moyenne 40 ans), bien formés en séminaires.

Le problème du Pape : il veut bien « partager » le pouvoir de la nomination des prêtres, mais pas l’abandonner. Liu dépend trop du parti communiste chinois et ne constitue aucune garantie de séparation entre l’église et l’Etat.

Le problème de Pékin : il va avoir besoin du Vatican, et pourrait vouloir composer, face à l’encombrant allié qu’il s’est lui-même créé. Mais il doit assurer sa solidarité socialiste à tout organe de l’Etat—même une église. Même si les intérêts divergent !

 

OMC : première passe d’armes

En février dernier, Mexico et Washington lançaient ensemble leur plainte conjointe contre la Chine devant l’OMC.

Pékin a alors usé de son droit de veto pour six mois, et après deux tentatives ratées de conciliation, USA et Mexique viennent de redéposer la requête, immédiatement jugée recevable. Constitué à Genève le 31/08, le panel international va évaluer si les restitutions à l’export (grâces de TVA) octroyées par la Chine à ses industriels sont conformes ou non aux normes du corps mondial des échanges. Il s’agit, de loin, du plus important litige jamais déposé devant l’OMC. Pékin répond en niant tout : certaines des aides seraient déjà éliminées, d’autres partiraient au 1/01/2008, avec l’entrée en vigueur de la loi révisée de la taxe sur le revenu.

Que Pékin soit ou non en train de régler cette vieille distorsion, cette plainte est plus révélatrice de ce qu’elle tait que de ce qu’elle traite. Elle reflète l’impatience grandissante des partenaires d’une Chine à l’industrie tournée sur l’export, tandis qu’elle-même laisse ses pirates en liberté et protège encore ses services, son marché de l’équipement et tout secteur encore non compétitif.                                

NB : Washington maintient une autre plainte devant la même instance, contre l’irrespect de la propriété intellectuelle en Chine —tandis que depuis mars, l’Union Européenne poursuit Pékin contre la taxation discriminatoire de ses producteurs de pièces automobiles.

 

Le retour des conflits ethniques

A 10M disséminés à travers l’empire, reconnaissables à leur calotte blanche, les Hui forment la minorité musulmane la plus volumineuse de Chine.

Depuis des lustres, l’Etat mène envers eux une politique prudente et protectrice, n’hésitant pas à leur octroyer privilèges et passe-droits au nom de la paix sociale. Mais cela ne suffit plus. Le 17/08, à Shimiao (Shandong), des milliers de Han et de Hui en ont décousu en des combats de rue, avant que police et armée ne parviennent à imposer le couvre-feu. Au départ, un incident banal —un jeune pickpocket Hui pris sur le fait, tabassé, suite à quoi ses proches mirent à sac l’artère principale, provoquant les rassemblements de haine et de panique… Bilan de l’émeute : un mort (musulman), quelques dizaines de blessés de part et d’autre.

De même, durant trois semaines entre les 4 et 22/08 à Gande (Tibet), des centaines, puis des milliers de Tibétains, laïcs ou dans les ordres ont maltraité la minorité Hui vivant parmi eux, détruit un restaurant et une petite mosquée. En une tentative de rétablir l’ordre, 20 Tibétains ont été arrêtés—deux moines du monastère de Tongkyab restent sous les verrous.                      

NB : La majorité de ces incidents qui abondent, le plus souvent secrets, révèlent l’implication de bien d’autres minorités, tels les Tibétains et les Ouighours. Sur le fond, les Hui craignent leur disparition dans le creuset économique de la Chine du XXI. siècle. Les Han eux, estiment « avoir assez donné ». L’Etat sépare les combattants, et ne sait que faire.

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