Les 27-28/11 à Pékin, le 10. Sommet éco sino-européen s’est déroulé sous un climat tendu.
Le Président en exercice du Conseil européen José Socrates (1er ministre portugais), le Président de la Banque Centrale Européenne J.C. Trichet venaient quêter une solution à l’explosion du déficit bilatéral, +30% à 170MM² en 2007. Comme les USA, les 27 membres de l’Union Européenne attribuent la distorsion à un Yuan trop léger (20 à 25% sur l’²).
Pour accommoder le partenaire, les Européens multiplièrent les cadeaux,
[1] renonçant à bannir avant Noël certains jouets chinois suspects,
[2] offrant 500M² sur 25 ans en crédits pour des projets environnementaux,
[3] condamnant le projet de référendum de Taiwan de mars 2008 sur son entrée à l’ONU…
En échange, ils obtinrent…la création de deux commissions mixtes sur les cours des monnaies et le déséquilibre des échanges.
Un 1er ministre Wen Jiabao, tout en rondeur rappela que la crise monétaire venait non de Pékin, mais de Washington, et suggéra aux 27 d’aller s’y plaindre. Tout en réitérant sa vieille antienne, de « réévaluer le Yuan, à son rythme, selon le marché, plus tard »… Idem, sur l’ouverture du marché des services, les Européens repartirent mains vides. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, pourtant, P. Mandelson, commissaire au commerce, déclara son « soulagement » face à la « compréhension » chinoise. Tout comme J. Almunia, son collègue aux affaires monétaires, confiant d’avoir convaincu Pékin d’accélérer le pas de la réévaluation, pour éviter une avalanche de plaintes anti-dumping devant l’OMC.
Signe des temps, le 28/11 voyait atterrir à Pékin les lobbies de Wall Street (associations nationales de la finance), pour faire le même plaidoyer de l’ouverture des marchés, dans l’intérêt chinois : pour aider à placer les 2000MM$ d’épargne chinoise dormante. Aux Américains, les Chinois faisaient une concession, en éliminant au 1er janvier 2008 une 12aine de baisses d’impôts ou restitutions à l’exportation sur des produits du bois, de l’acier, de l’électronique… Il faut dire qu’à Genève, l’Organisation Mondiale du commerce venait de nommer (28/11) le panel pour traiter la plainte US pour entrave au commerce de l’audiovisuel (musique, films, livres) : d’ici 2008, l’action pourrait aboutir au 1èr verdict contre la Chine devant l’arbitre du commerce planétaire.
NB : pas par hasard, alors que s’ouvre sommet mondial écologique de Bali, voilà que Pékin fait devant un petit groupe de presse (29/11) une confidence soigneusement calibrée : elle serait prête, tous comptes faits, à jouer le jeu d’une réduction contraignante de ses émissions de gaz à effet de serre, à condition que les pays riches partagent avec les pays en voie de développement leurs technologies d’énergie propre. Ce qui revient à promettre, « à minuit moins cinq », une concession désormais inévitable – et la négocier au prix fort !
Sommaire N° 39