Se jouant des époques, hybridant trivial et spirituel grâce à un humour fin et une pointe d’absurdité, le peintre He Jian ridiculise la société contemporaine et la vie moderne. En adoptant les techniques anciennes de la peinture au pinceau pour peindre des scènes quotidiennes et des souvenirs d’enfance, il met en scène des manifestations vulgaires de richesse et d’excès contemporains, dans la langue vernaculaire visuelle de la Chine ancienne. « Mes images tentent généralement de capturer les sentiments complexes causés par un mélange culturel sans précédent, ainsi que les douleurs associées aux souvenirs et au temps qui passe » confie l’artiste.
He Jian (何剑), né en 1978 dans le Sichuan et diplômé des Beaux-Arts de sa province natale en 2000, a développé tout au long de sa carrière un style d’expression artistique distinctif, inspiré des fresques du temple Yongle du 14e siècle dans la province du Shanxi.
Ses œuvres, au premier regard, apparaissent vieillies, semblant nécessiter une restauration intensive… Un effet obtenu en superposant plusieurs couches de pigments sur une mince surface de papier de riz, que l’artiste vient ensuite travailler pour exprimer des sujets et thèmes contemporains.
Juxtaposant ces techniques anciennes – et extrêmement méticuleuses – avec des sujets quotidiens et plutôt triviaux (souvenirs, objets, moments de fête), He Jian transporte ses œuvres – et ses spectateurs – dans une dimension temporelle unique.
Ses peintures sont pensées comme des scénarios dans lesquels il prend soin d’orchestrer soigneusement personnages et décors propres aux moments de vie qu’il souhaite incarner, aux histoires qu’il souhaite célébrer : une capture des scènes les plus typiques, qui caractérisent selon lui la vie « à la chinoise » prise dans le contexte d’un monde globalisé.
Représenter ses contemporains est primordial pour He Jian, et il prend ainsi soin d’analyser ses personnages sous toutes les coutures : leur âge, leur genre, leur statut social, leur gestuelle, avant de les saisir à travers leurs moments de loisirs, de travail ou de fête.
Hommes d’affaires, étudiants, couples et enfants sont ainsi soumis à l’examen scrupuleux de l’artiste, tandis que les machines à coudre, les jeux vidéo, les radios, les gâteaux de naissance, les bouteilles de whisky et d’alcool chinois, reliques du passé et objets du présent, obtiennent une place de choix dans le grand théâtre de l’artiste.
Plutôt que défier la tradition, He Jian l’utilise afin de mettre en lumière une continuité entre passé et présent. Entre ses mains, elle devient l’outil idéal pour capter l’essence des liens qui déterminent et unissent l’histoire chinoise : les petites histoires de chacun qui résonnent à travers une culture entière.
He Jian a reçu une attention croissante du monde de l’art à l’international et a participé à de nombreuses expositions en Chine et à l’étranger.
L’artiste est représenté par la galerie Art+ Shanghai, où une sélection de ses œuvres est actuellement visible.
IG: @caromaligne
1 Commentaire
Bertrand.SATIER@solvay.com
28 juillet 2020 à 07:44Excellents articles ! Merci