A la pesanteur d’un été caniculaire, répond celle des slogans volontaristes (cf édito VdlC 24), et de média bé-tonnés de nouvelles optimistes : l’eau du robinet pékinois devient potable (1/07), les 6 dernières usines de Chloro Fluoro Carbone ferment (4/07), protégeant ainsi l’ozone de l’atmosphère. La SEPA, l’autorité écologique nationale prive pour trois mois de chantiers nouveaux 38 usines, 6 villes, 2 préfectures, 5 zones industrielles (dont Wuhu, Anhui), et interdit à l’avenir tout prêt bancaire aux usines notoirement polluantes…
Pékin se prépare aussi au doublement de la taxe auto, et au bannissement du 7 au 20 août, d’1M de voitures en ville. Dès 2008, on promet en Chine un nouvel essai de PNB « vert» (pour corriger le taux de croissance par son coût objectif en pollution), et une publication plus honnête des émissions de pollution, et de la consommation d’énergie – sans se préoccuper davantage de la perte de face pour les leaders locaux…
Tout ceci exprime la tentative de réagir à un échec environnemental, dont les autorités ne cachent plus l’ampleur : [1] le Financial Times révèle (4/07) que la Banque Mondiale a subi l’ordre du pouvoir (dont un ex-ministre de l’environnement), de censurer une étude réalisée avec plusieurs ministères, sur le coût humain de la pollution: au nom de la stabilité, Pékin-(pouvoir) voulait taire que 750.000 Chinois mouraient par an prématurément, des particules dans l’air et dans l’eau…
[2] Pékin- (ville) a connu en juin son pire mois en 7 ans, avec 15 journées de smog, 6 de plus qu’en 2006. Pan Yue, n°2 à la SEPA, admet la situation «proche du point de rupture», dénonce une «priorité au profit à court terme», et déclare que seule la loi, aujourd’hui bafouée, peut sauver la Chine d’un effondrement écologique.
[3] A Shuying (Jiangsu, 3/07), une fuite d’azote et d’ammoniac prive 200.000 citadins d’eau potable . Le même jour, brûle le gymnase en construction de l’université Beida, futur site olympique. Pour la sécurité des Jeux Olympiques, le CIO affiche une impériale confiance, mais le monde s’inquiète…
A la salissure du ciel, répond un surcroît de tension sociale. A Dongyuan (Canton, 30/06), un incident grave cause mort d’homme : une grève de maçons suite à 4 mois impayés, brisée par un groupe hétéroclite de mafia et de police.
Comme pour dissiper ce climat dur, entre en fonction (30/06) le nouveau ministre de la santé, Chen Zhu, 54 ans, second ministre non communiste en quelques semaines (cf VdlC 19), suggérant que le parti unique est prêt à partager une miette du pouvoir. Mais il y a un « garde-fou » : derrière Chen, comme vice-ministre, reste l’ex-titulaire Gao Qiang, membre du parti.
Dans le même ordre d’idée, est publiée (30/6) la nouvelle loi du travail (cf VdlC n°7), qui impose un contrat pour tout emploi : progrès immense -si le texte est respecté. Quelques jours après le scandale de l’esclavage dans les fours à briques du Shanxi, cette annonce volontariste donne la meilleure idée de la priorité actuelle de l’Etat : avant le XVII. Congrès dans 4 mois, avant les JO dans 13 mois, remonter la pente, redorer son image!
Sommaire N° 25