La Chine ne perd pas le sud
Contrairement au reste des nations, la Chine depuis l’antiquité, oriente ses boussoles vers le Sud. Et c’est vers l’Antarctique que s’ébranle lundi 12/11 le navire Xuelong («dragon de neige»), avec à son bord 189 savants et différents corps de métiers, pour la 24ème mission sud-polaire, la plus importante depuis 1984. T
rois équipes coexistent.
[1] Les savants qui feront leurs recherches à bord, puis durant 150 jours sur les deux bases de Changcheng et Zhongshan.
[2] Les bâtisseurs qui élargiront d’un tiers ces bases rendues obsolètes par 20 ans d’usage, et les rénover en y intégrant un garage, un entrepôt, un réseau de recyclage des déchets et eaux usées, une chaufferie, une salle de radar à haute fréquence et une citerne à fuel.
[3] Les géomètres qui fixeront sur le mont «Dome A» le site de l’observatoire de sept télescopes et un radar acoustique, à construire sous deux ans. Cette dernière mission est la plus difficile, à 4093m d’altitude par des températures jusqu’à -90°C.
Aucun coût n’a été révélé pour cette mission, qui a sa dimension politique : les nations ont jusqu’à 2009 pour établir leurs revendications sur le fond marin d’un territoire pour l’instant protégé par un traité de 1959, comme patrimoine de l’humanité. Mais avec le réchauffement global, les gisements minéraux sous la calotte glaciaire pourraient devenir accessibles…
Ouest : nouvelle Zone Economique Spéciale, à thème d’harmonie
Après avoir lancé le mot d’ordre de «société harmonieuse», l’équipe du Président Hu Jintao tente de le pratiquer. Un obstacle à l’égalité des chances, est le 户口 hukou, permis de résidence, relique maoïste qui prive le paysan de la sécurité sociale, de la couverture médicale et de l’école de qualité réservée aux gens de la ville, tout en lui interdisant de vendre ou acheter ses terres (théoriquement redistribuées tous les 15 ou 30 ans)…
C’est pourquoi Pékin crée une Zone Economique Spéciale entre Chengdu et Chonqqinq, c’est-à-dire sur la moitié du Sichuan. Chengdu a 48% de population paysanne et Chongqing 60%. Il s’agit avant tout, d’abolir le hukou et de créer les outils légaux et financiers, techniques et pédagogiques pour briser l’écart de croissance entre mondes rural et urbain. L’Etat compte contribuer par des crédits propres, mais aussi en octroyant le droit de législation locale et d’exemptions de taxe ou de subventions. La dernière de ces ZES, en 2005, fut celle de Binhai à Tianjin (TEDA), avec pour thème la réforme monétaire —l’octroi de privilèges spéciaux en matière de convertibilité. Au passage, la nouvelle zone devra bien sûr agir dans le respect de l’environnement et du développement durable (voir p.2). Autrement dit, trouver à la fois une nouvelle mentalité et un nouveau moteur de croissance, dans une des régions les moins favorisées (équipées) du pays : vaste défi – mais est-il gagnable ? On se rappelle du plan de rattrapage du grand-Ouest, lancé en 1997 par Jiang Zemin et Zhu Rongji : des centaines de MM$ plus tard, tout est à refaire…
Huit novembre, jour mondial de la presse
Tutelle des media, l’AGPP (Administration Générale pour la presse et des publications) a célébré la journée en leur assurant la protection de la loi, selon le mot d’ordre de « plus grande liberté, adhésion aux vieux principes ».
RSF, Reporters sans frontières quant à lui, a rappelé la détention de 33 journalistes. RSF admet aussi que l’AGPP reconnaît une crise montante dans la profession, victime d’agressions (un mort, des dizaines de blessés cette année), et de pressions de « groupes privés » pour qu’ils retirent leur information. Le travailleur de l’information peut se laisser aller au chantage sur l’industriel, et au publi-reportage déguisé sous les traits de l’information bona fide. Autant de progrès modestes mais tangibles vers la transparence du secteur. Mais au fond, tous ces problèmes se rapportent à un seul : l’absence (voulue) d’une loi de la presse, fixant les droits et devoirs de la profession !
Sommaire N° 36