A la loupe : Dissidence – giboulées d’avril

Un des tribuns de la place Tian An Men en 1989, Chen Ziming avait fait six ans de prison avant d’être élargi pour raison de santé en 1996, puis de purger le reste de sa peine à domicile jusqu’en 2003. Dans ce contexte, voir Chen recevoir un visa de 2 semaines à Hong Kong, signale un geste d’appaisement du régime, d’autant plus remarquable que Chen rédige un livre délicat, sur le Printemps de Pékin.  

Une hirondelle ne faisant pas le printemps, Ren Wanding, autre dissident historique, vient de bénéficier d’un permis pour Hong Kong, pour bilan de santé. Et dans le sens inverse, des ténors du Parti Démocratique (d’ ordinaire mal-aimé de Pékin) empochent un rare visa pour Shanghai . Chen croit l’embellie programmée jusqu’aux Jeux Olympiques, et qu’elle pourrait durer après, si l’expérience est concluante.

Mais qu’on ne s’y méprenne, la garde conservatrice ne s’abaisse pas partout. Le Ministère de la culture vient de dévoiler un projet primesautier, qui suscite chez les intéressés une levée de boucliers : une imminente licence obligatoire, pour 30 catégories d’artistes, dont les chanteurs, cinéastes, danseurs. Le ministère espère que les artistes ainsi cartés deviendront moins bouillonnants, plus obédients…

Le 13/04,  l’écologiste Wu Lihong est arrêté par 50 hommes en kaki, chez lui à Yixing (Jiangsu) : trop d’activisme dans la défense du lac Taihu, le joyau du Yangtzé aujourd’hui phosphaté à mort. A pourfendre le népotisme, Wu s’est fait beaucoup d’ennemis. A en croire ses amis, il préparait une ultime grande révélation, à la veille de son arrestation.

Déjà en prison, Ablikim Abdiriyim est condamné à 9 ans pour séparatisme (17/04). En 2006, deux de ses frères et une soeur avaient été inquiétés sous divers prétextes. En fait, c’est leur mère qui est visée, Rebiya Kadeer, militante ouïgoure en exil, pour qu’elle gèle son action. Partie de rien, Kadeer s’était enrichie, avait été distinguée par Pékin, élue au sein de la CPPCC, comme un symbole de l’intégration réussie de cette minorité à la nation. Mais ayant poursuivi son combat pour les siens, elle avait été arrêtée en 1999,  pour envoi de coupures de presse à son mari aux USA. Après 6 ans, elle avait été échangée par Washington contre une concession politique, puis nominée l’an dernier pour le prix Nobel de la paix.

NB : entre ces attitudes contradictoires, on voit un lien logique : la détente provient du pouvoir central et bénéficie aux dissidents d’hier. L’intolérance vient des provinces et vise ceux d’aujourd’hui !  

 

 

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