A la loupe : Planning familial—une épée de Damoclès

38 ans après sa mise en place en 1979, Pékin s’enorgueillit de sa politique de l’enfant unique, machine, aux M de cadres, qui suit chaque femme et lui dicte le moment pour concevoir ses un ou (max) deux enfants. Pékin avance les 400M de bouches à nourrir économisées. Mais disant à haute voix les arguments de bien des démographes locaux, l’étranger tente d’en évaluer les risques.

A Dalian, lors du Sommet de Davos quelques jours plus tôt, Nic. Eberstadt, démographe, rappelle que la femme chinoise porte 1,7 enfants en 2007, et moins d’un enfant dans les grandes villes. Pour lui, d’ici 2030, cette évolution sera porteuse de maux. Alors, le nombre des jeunes de15-24 ans diminuera de 20% (et donc, les postes dans les usines). Celui des +65ans passera de 100M à 235M, aux retraites faméliques, dont un tiers n’auront pas d’enfants pour les soutenir. Pire, à 123 garçons nés pour 100 filles (résultat de l’avortement sélectif, peu réprimé), d’ici 15 ans, 30M de jeunes hommes ne pourront convoler. Ce qui imposera au passage, le maintien d’un haut nombre de prostituées – estimé dès l’an 2000 à 20M.

Ce déficit en travailleurs et en épouses influera donc gravement sur la qualité de la vie, mais aussi sur la croissance : c’est le rôle d’usine du monde de la Chine, aux coûts salariaux les plus bas, qui risque de repartir aussi vite qu’il était venu. D’où le plaidoyer d’Eberstadt, pour l’élimination du contrôle coercitif des naissances.

A. Kroeber, autre analyste, offre un éclairage sur les raisons historiques d’imposer cette politique. Selon lui, la chute des naissances en Chine, avait débuté avant le planning familial (presque 5 enfants début ’70, et deux de moins en ’79). Depuis, elle s’est réalisée souvent ailleurs en Asie, sans les «gendarmes des berceaux», par le simple ressort, comme en Chine (pense Kroeber) de l’exode rural et de l’industrialisation. De son système autoritaire, le régime aurait moins attendu les profits économiques de la baisse des naissances, que le contrôle social, dont il avait besoin alors qu’il ouvrait la voie à une liberté d’initiative au nom de la croissance économique, à un moment (juste après la Révolution culturelle) où l’image du Parti était au plus bas.

En 2007, l’image est (partiellement) restaurée par le taux de croissance, mais le maintien du Planning exprimerait la volonté de cette bureaucratie de se maintenir – voire celle du Parti, de conserver ses instruments de surveillance du monde urbain et paysan.

La Commission nationale du planning annonce (14/09) le durcissement des amendes, de manière à taxer les riches pour leurs enfants hors-plan, en proportion de leur fortune. Car ces riches paient désormais sans sourciller, posant ainsi un précédent pour les autres classes sociales et un défi au système en place, dont le régime vient de décider cet été (à Beidaihe) la défense prioritaire.

 

 

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