A la loupe : Chine-Japon : page guerrière tournée, futur à construire

Signe de dégel, Wen Jiabao retourne au Japon (11-13/04),  1ère visite d’un 1er Ministre chinois depuis Zhu Rongji en 2000. Il s’agissait de réparer des relations entre ces puissances d’Extrême-Orient, endommagées par la politique de l’ex 1er Ministre J. Koizumi qui, pour satisfaire sa droite, visitait le sanctuaire de Yasukuni où gisent des criminels de guerre.

Disons le d’emblée : cette visite est un succès par sa charge symbolique, appelant au pardon et à la reconstruction d’un avenir sur des bases assainies. L’histoire le confirmera, mais on soupçonne, à la base de ce succès, une entente secrète entre deux politiciens hors-pair, Wen et son collègue Shinzo Abe, l’un et l’autre ayant pris leurs responsabilités. A peine élu (sur un programme pourtant nationaliste), Abe avait consacré à Pékin (et non à Washington) sa 1ère sortie officielle. Lui rendant la politesse, Wen à Tokyo multiplia les gestes de réconciliation, telle leur déclaration commune (la 1ère depuis 1998), un jogging matinal et une démonstration de taiqi dans un parc (cf photo) en survêtement des JO de Pékin 2008, bien sûr.

Wen réouvrit (après 4 ans) les portes au riz nippon. CNPC et Nippon Oil signèrent un accord de coopé à long terme, déclaration d’intention de partager le gaz offshore en mer de Chine orientale (mais sans aborder la question épineuse des zones économiques spéciales maritimes ZEE). Les deux hommes signèrent un accord de coopération contre le réchauffement global, et parlèrent de « réforme de l’ONU » (mais sans toucher à la vraie question, la demande nippone d’un siège permanent au Conseil de sécurité).

L’essentiel fut ailleurs : devant la Diète (Parlement nippon) le 12/04, Wen reconnut que « le peuple japonais était aussi la victime de la guerre » (donc, non coupable), et que « les remords des nippons étaient précieux aux yeux des chinois », manière de suggérer que les excuses de Tokyo étaient acceptées. Tout en rappelant aussi les efforts financiers de l’Empire nippon pour les réparer (30MM$ en 30 ans). 

Ainsi, Wen retourne chez lui après avoir coupé, avec Abe, l’herbe sous le pied des extrémistes des 2 pays, partisans de la « paix froide ». Ils l’ont fait, au nom du business (211,3MM$ d’échanges en 2006, et au total 58MM$ d’IDE nippons en Chine). Signe des temps : Tokyo et Pékin vont échanger des centres culturels, Shinzo Abe devrait se rendre en Chine courant 2007, et Hu Jintao à Tokyo en 2008… Tout cela, sous réserve d’inventaire et, d’un toujours possible  nouveau  dérapage!

 

 

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