Joint-venture : OMC : l’orage arrive d’Europe

OMC : l’orage arrive d’Europe

Depuis toujours, Peter Mandelson, Mr concurrence à Bruxelles, protégeait la Chine de toute attaque protectionniste des 27 Etats membres. Le 9/10 encore, il aidait à démanteler les quotas textiles après le 31/12, pour l’année prochaine (VdlC n°33).

Mais soudain il change de ton: l’Europe doit se faire plus agressive envers la Chine, côte à côte avec USA et Japon, attaquer à l’OMC, l’organisation mondiale du commerce. «Depuis 2001», dit-il, « nous n’avons lancé qu’une seule action contre Pékin…» Cette volte-face fait l’objet d’une lettre au Président de la Commission, José Manuel Barroso, à la veille du sommet (19/10) de Lisbonne Nicolas Sarkosy et Angela Merkel, le Président français et la chancelière allemande, réclament la fermeté envers les «économies asiatiques »… La raison du tournant est sans objection : en 2007, l’excédent chinois a monté de 25% à 86MM², et poursuit à 15M² l’heure. Or, les palabres n’ont amené aucune concession de la Chine : les 470M d’Européens vendent moins à la Chine qu’ à la Suisse. Barrières non-tarifaires et discriminations commerciales leur coûtent, selon Mandelson, 20MM²/an. La cote d’amour de la Chine en Espagne et Royaume-Uni a baissé de 18% l’an dernier. Même exaspération des ministres des finances, face à l’incapacité chinoise à laisser remonter le Yuan vers sa vraie valeur. Tandis que le piratage de brevets par les Chinois prive les groupes européens du fruit de leur recherche, et de parts importantes de marché –cf les affaires Danone, pg 2, et Schneider, VdlC n°33. Aussi, c’est un peu une mise en demeure que prononce Bruxelles envers la Chine : ouvrir ses marchés désormais très rapidement, ou voir se multiplier dans les mois à venir les actions de rétorsion, dans le domaine de l’acier, notamment. L’état de grâce post-accession à l’OMC est terminé.  Tout ceci devant apporter du défi, de la substance et de la tension au sommet euro-chinois de Pékin le 21/11.

NB : à Genève devant l’OMC le 15/10, Union Européenne, USA et Japon font contre la Chine un tir groupé : les USA lui reprochent de manipuler les prix de l’énergie et autres matières premières ; le Japon, de restreindre l’export du coke, et l’Union Européenne, de dresser une grande muraille contre sa chimie. Autant d’infractions à la règle de l’OMC.

Yahoo!, pas sorti de l’auberge

  En 2005, Shi Tao, dissident, était condamné à 10 ans de prison pour émission d’articles subversifs sur internet.

Le monde réalisait que la pièce incriminante du procès avait été fournie par le fournisseur d’accès, Yahoo! depuis Hong Kong, sol non assujetti à la loi ou aux pressions continentales. Hasard ou non? Quelques mois plus tard, la multinationale US recevait le droit d’entrer pour 40% dans le groupe Tao Bao, pour administrer Alibaba, première galerie virtuelle du pays. Le Congrès se saisit alors de l’affaire. Tandis que la famille du dissident déposait une plainte devant un tribunal fédéral, une commission entendait les dirigeants de Yahoo! se justifier. Or, le panel législatif reconvoque ces responsables pour le 6/11, au fait suivant : Yahoo! aurait menti aux élus l’an passé, en affirmant n’avoir aucune idée des incidences de sa coopération avec la justice locale. Au moment des faits, il aurait détenu une pièce administrative chinoise ne laissant aucun doute sur l’utilisation que Pékin comptait faire de ses informations…

A l’évidence, le Congrès s’agite, encouragé par la campagne présidentielle en cours. L’affaire pourrait cependant aboutir à une lourde condamnation, et surtout à une législation fédérale nouvelle, pour doter la coopération des fournisseurs de services internet en régimes non démocratiques. Affaire à suivre.

 

 

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