Temps fort : Obama-Hu, sur le COP15 – entente pour ne rien faire

Après sa rencontre pékinoise avec Hu Jintao, Barack Obama évoquait son objectif pour le COP15 à Copenhague: «un accord intégral, avec effet immédiat sur le terrain».

Mais la déclaration était infirmée 3 jours plus tôt à l’issue du sommet de l’APEC (Coopération Economique de la zone Pacifique) à Singapour (14-15/11) , d’où sourdait cette rumeur insistante: Obama et Hu s’ étaient entendus pour ne pas fixer de quotas de coupe de leurs émissions de CO2. De la part des deux grands pays pollueurs (40% du CO2 global), cela revenait à sacrifier les chances d’entente au COP15: faute d’offres de leur part, les 192 nations ne pourront pas s’entendre sur les objectifs de coupe, les coûts et les transferts des technologies à bas carbone des pays riches aux pauvres. A Pékin, Obama défendit l’offre du 1er Ministre danois L. Rasmussen de retarder la pendule d’un an, et promit une offre à Copenhague, «si la Chine faisait de même».

En attendant, Chine et USA se dotent d’une puissante coopération bilatérale visant à accélérer leur préparation à la charte mondiale et à partager les technologies. Les deux pays sont convenus d’un plan de 7 actions en énergies propres, surtout axées sur le charbon, source 1ère d’électricité de la Chine (pour 800Gw) comme de l’Amérique (pour 1000Gw). Les technologies d’énergies renouvelables restent à l’écart, car les Etats-Unis ne souhaitent pas partager leur avance en la matière.

Les deux pays vont coopérer sur les moyens de renforcer l’efficacité énergétique en usines et bâtiments, sur la capture/séquestration du CO2, la récupération du gaz de houillère. Un Centre de recherche en énergies propres va voir le jour, avec têtes de pont sur chaque continent. Financé par 150M$ à frais partagé, il réunira «les meilleurs chercheurs des deux pays», par exemple, sur la voiture électrique. Pour mettre sous peu d’années sur les routes des deux pays des millions de véhicules sans essence, 12 de leurs métropoles recevront des réseaux de démonstration des modèles de leurs industries.

Cependant la faiblesse de cette stratégie sino-américaine face au COP15 n’a pas tardé à apparaître, depuis un étranger ne supportant pas cet accord immobiliste. Le 15/11 à Paris, le leader brésilien Lula et son hôte N. Sarkozy dénonçaient leur choix de «laisser faire les autres, en remettant leurs propres efforts à demain». Fixant ensemble des objectifs en forme de «Bible climatique» (-80% pour les pays riches, -50% pour les autres, d’ici 2050 par rapport à 1990), ils reprochaient à la Chine et aux USA de faire frein à la future charte globale et les sommaient de réviser leur copie. Ils appelaient aussi dès 2012 la création d’un organe climatique mondial et prétendaient ameuter avant Copenhague les autres nations : les pays du Commonwealth en conclave à Trinidad, dix Etats amazoniens à Manaus, les Etats africains…

NB : Cette fronde a aussi un motif stratégique. Le G2 climatique Hu-Obama et sa coopération industrielle, avec échange de marché chinois contre technologie américaine, pourraient aboutir à un Yalta commercial planétaire et à l’étranglement des filières concurrentes, autres que chinoises ou américaines, de l’aéronautique brésilienne à l’éolienne indienne ou au TGV français. Et pour les pays consommateurs, à l’assujettissement à ce nouveau monopole. Contre une telle tentation, Brésil et France lancent un signal d’alarme.

 

 

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