La SARFT (State Administration of Radio, Film and Television), tutelle de l’audiovisuel, lance une campagne sans précédent pour désherber la jungle de l’internet.
Skype et d’autres portails de telecoms IP ont été avertis de bannir les annonces «phishing» incitant les naïfs à donner leurs données bancaires. Sur ce domaine du SPAM donc, la Chine se fait tardivement vigilante : 8000 sites émetteurs ou relais de SPAM ont été fermés en 2008, dont bon nombre, imitant les logos de multinationales, visaient des victimes étrangères.
Idem depuis le 1er décembre 2009, 530 sites de «P2P» et de «torrent» ont été fermés, sites qui retransmettaient gratuitement l’audiovisuel piraté, ainsi que du matériau porno et violent. On voit ici une masse d’objectifs différents, entre la protection de la jeunesse, des distributeurs légitimes d’audiovisuel, de censure du Parti et des intérêts de la SARFT (car ces sites « gris » opéraient sans licences).
L’impact de l’action est lourd : les deux tiers des 324 millions d’internautes téléchargent notoirement films et musiques, et BTChina, un des portails fermés, comptait 50 millions d’usagers. Mais tout le monde n’est pas d’accord, à commencer par la presse : 95,7% des sondés se plaignent de perdre leur seul accès à des films ou livres censurés, et les experts craignent de lourdes pertes d’emplois, si ce secteur encore fragile (en pleine croissance) perd son attraction pour se conformer aux goûts parfois vétustes de censeurs d’un autre âge : cette victoire pourrait-elle n’être qu’éphémère ?
Sommaire N° 40