En matière de houille, la Chine devrait bientôt perdre son image de pays aux millions de cheminées crachant leurs fumées aux senteurs de souffre. Selon le rapport de l’AIE (Agence Int’le de l’Energie), Cleaner coal in China (20/04), la Chine maîtrise déjà la plupart des technologies mondiales de charbon propre, et s’apprête à devenir une référence globale dans cette filière.
Parmi ses outils compte la combustion «supercritique », dont la vapeur à très haute pression offre le meilleur rendement et le minimum de gaz à effet de serre. La Chine bâtit une centrale de ce type par mois, et en a réduit les coûts, par effet d’échelle, aux deux tiers d’une centrale conventionnelle aux USA. Exemple: la centrale Huaneng de Caofeidian aux 4 turbines de 1000Mw, d’un coût de 7,3MM$. Mais cette technologie efficace arrive tard, après dix ans de construction forcenée de centrales à basse technologie (40% des unités nouvelles) voire sans filtre de désulfuration (50% du total).
Une autre centrale de Huaneng très en vue, à Tianjin, gazéifiera dès 2011 le charbon avant brûlage, réduisant de moitié le CO².
Autre système de pointe : la capture/stockage du carbone (CCS). Là encore, Huaneng, avec sa mini-centrale à Gaobeidian (Pékin) stocke 3000t de CO² par an, qu’elle revend aux producteurs de boissons gazeuses. Mais pour arriver à un système à grande échelle, il faudra attendre 20 ans : temps de le rendre efficace.
De tels projets impliquent de plus en plus l’étranger, comme cette centrale de liquéfaction sino-US du charbon en Mongolie intérieure, de 250M$ pour 1,5Mt /an, qui pourraient passer à 88Mt à terme, moyennant 8MM$ d’investissement.
La plus forte information du rapport de l’AIE, est que la Chine doit chercher son charbon toujours plus profond : aujourd’hui, 400m en moyenne, 500m l’an prochain. Conséquence : la houille chinoise sera toujours plus chère et plus dangereuse, avec 2M de mineurs en petites mines privées à risque, et 0,6M d’entre eux frappés de silicose.
L’autre bonne nouvelle, est que dès 2010, suite à son programme de concentration, 13 bases produiront 80% des besoins, soit 2,24MMt de houille, à partir de 13 bases seulement, plus sures et moins polluantes, équipées de systèmes de lavage anti-poussière. L’ambition est de supprimer les 20% restants en gaspillant moins : en améliorant l’extraction, le transport, et la tarification : toute une révolution dans les moeurs !
Sommaire N° 17