Durant 4 jours (6-9/06), Todd Stern, le négociateur américain du réchauffement climatique s’est entretenu avec un aréopage de très hauts cadres dont Li Keqiang le vice 1er, et Xie Zhenhua le ministre de la SEPA (State Environmental Protection Administration). Il s’agissait d’un 1er échange, destiné à se coordonner pour la conférence COP-15 de l’ONU à Copenhague en décembre. De retour chez lui, Stern annonce avoir renoncé, pour son pays, à réclamer une réduction brute de ses émissions de gaz à effet de serre de la Chine, qui en est le 1er émetteur, et de viser désormais une « très considérable » baisse de la croissance de ses émissions. Du coup, après le départ de Stern, la Chine annonce son refus définitif de toute réduction contraignante de ses gaz à effet de serre au COP-15, au nom de son droit à la croissance. On assiste ainsi à la naissance d’une alliance entre Chine et USA, basée sur la tolérance mutuelle, pour affronter ensemble la pression mondiale et limiter leur effort de lutte. Les deux pays comptent pour 40% des émissions globales de gaz à effet de serre. A ce jour, les termes de cette alliance n’apparaissent pas, et on ne voit pas non plus si ils seront acceptables pour l’Union Européenne, leader depuis 15 ans de cet effort sur ses propres industries, et qui lie, dans la perspective du COP-15, ses engagements futurs à ceux de Pékin et de Washington. Vu sous cet angle, le rapprochement sino-US n’est pas rassurant.
Entre-temps cependant en Chine, une profusion de projets accélère la mutation de son paysage énergétique.
[1] Les travaux débutent en septembre, pour le gazoduc et oléoduc Kunming-Kyaukryu (Birmanie). 1100km de jungle, qui permettront à 20Mt de pétrole et 12MMm3 de gaz d’éviter le détroit de Malacca (ses risques d’arraisonnement par des pirates ou la 6.flotte américaine).
[2] Bluenext, 1ère place européenne d’échange de crédits carbone (filiale de la bourse de NY et la Caisse des dépôts) prépare une JV avec la bourse pékinoise d’échanges environnementaux pour vendre sur le marché intérieur des crédits carbone, chose encore interdite par Pékin mais vouée à se débloquer.
[3] Un bras de fer redémarre entre la SEPA et les lobbies d’électriciens et des provinces de l’Ouest, pour un immense programme de barrages. Mené par Bo Xilai, le « patron » de Chongqing (1ère ville de Chine, 33M d’âmes), le projet de Xiaonanhai est soumis à la SEPA, en attente de son feu vert. Ce barrage sur le Yangtzé coûtera 3,5MM$, produira 1750Mw/an, et détruira 500km de réserve biologique (60 espèces de poissons). La même SEPA vient d’interdire pour défaut de licence deux ouvrages en construction depuis janvier sur la Jinsha, par les poids lourds électriciens Huadian et Huaneng. L’enjeu est lourd : les 12 barrages sur la Jinsha dont font partie les deux incriminés, coûteront 30MM$, pour une capacité estimée égale à celle du barrage des Trois-Gorges.
Sommaire N° 22