Editorial : Une rentrée douce-amère..

Sous la plus lourde récession qu’aient connu nos générations, la crise fait rage à travers toutes les provinces et sphères de Chine -pas de miracle. 670.000 PME ont disparu, privant 6,7M de gens de leur gagne-pain dont 10% à Canton. Zhang Chewei, de la CASS (Académie chinoise des Sciences Sociales), évalue le chômage à 9,4% – double du chiffre officiel- qui sera de 11% quand les millions de migrants retournés au bercail pour le Chunjie des semaines à l’avance, y resteront, leur usine ayant fermé pour de bon.

Blason de Pékin, Lenovo taille 2500 jobs, pour épargner 300M$ -ce n’est qu’on début. 25% des firmes en bourse sont dans le rouge. A Xiamen, la mairie doit se résoudre à laisser mourir Amoisonic, (DVD, portables), sorti de Bourse après 3 ans de pertes. A Shanghai, SAIC (Shanghai Automobile Industry Co) abandonne sa filiale coréenne Ssangyong (n°5) : son rachat (500M$ en 2004) de 51% avait causé la désaffection des Coréens envers ce constructeur, désormais ressenti comme étranger. Quant aux transporteurs aériens, ils pâtissent de la contraction du marché (-11,3% en novembre sur le fret extérieur) et n’attendent plus qu’un nouveau plan de secours de l’Etat : comme l’acier, le lait, l’automobile, l’immobilier…

L’Etat ne peut donc que constater une année «très difficile», forcé de dépenser plus en gagnant moins. Depuis octobre baissent sa recette fiscale et sa montagne de devises, laquelle perd 16MM$, à 1890MM$, après en avoir accumulé 280MM$ dans l’année.

    Même l’étranger tousse: en faillite aux USA, l’équipementier automobile Delphi ferme à Suzhou son usine flambant neuve de compresseurs (100 jobs)…

Le crédit a disparu : « l’argent frais », constate ce sidérurgiste européen, « est chassé dans les contrats par les bons d’Etat, puis les bons industriels, ce qui fait hanter le spectre des dettes triangulaires, le jour  où un des acteurs décide de réclamer son dû ». Signe des temps, on voit (5/01) la Banque populaire de Chine, comme bien d’autres banques centrales, annoncer 234,5MM$ de bons du trésor pour 2009, le double de 2008, afin de soulager les banques de leurs masses de fonds improductifs, et d’orienter une fraction des 100MM$ d’épargne privée vers les grands chantiers du plan national anti-récession.

Cependant, la crise est aussi une chance d’adaptation, de grand nettoyage des firmes non durables.  Seule en Asie à le faire à un tel rythme, la Chine reste un terrain fertile en fusions et acquisitions de firmes, +44% dans l’année, pour 159,6MM$ -achats chinois à l’étranger, et vice versa. C’est ainsi que l’américain Intel, l’auteur des micro processeurs les plus avancés, s’apprête à reprendre une part  «stratégique» de son concurrent low cost SMIC, accélérant ainsi sa pénétration sur ce marché chinois.

 La Chine aussi saisit sa chance (la seconde en 12 ans) pour créer ses réserves pétrolières stratégiques. Quoique ce genre de données soit tenu sous le boisseau, elle aurait fait rentrer, depuis août, 25M de barils, à moins de 50$ le baril. A suivre au prochain numéro.

 

 

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