Editorial : Escapade à Tianjin

Le 15/04, à une quarantaine d’intéressés, la CCIFC, la Chambre de commerce et dindustrie française en Chine, faisait découvrir quelques sites industriels de Tianjin. Le Vent de la Chine vous présente ses notes de voyage :

«  Il y a 20 ans, Papa avait 20 employés : j’en ai 1237, dont 300 ingénieurs. Papa avait débuté avec quelques millions de ¥ de chiffre daffaires par an—en 2008, j’ai dépassé le milliard, dont 30% à l’export »… Mixant curieusement les affaires de sa firme et celles de sa famille, Zhang Jianhao, PDG de Saixiang présente sa compagnie en un style assez courant en Chine : mi-confucéen (pratiquant le culte du père), mi-macho (une pincée de Timonier, une autre de Rambo). Au demeurant, Zhang Jianhao a des raisons de fierté : expert en équipements lourds, Saixiang a trois usines, dont la dernière-née de 50.000m². Il compte pour clients des groupes géants, tels Michelin ou Firestone. Saixiang fabrique des machines à pneus de chantier, 10m de long par 5m de haut, combinant tour, four, robot à laser pour insérer la carcasse radiale, plaquer et sculpter la gomme… Chaque modèle unique est facturé au tiers des tarifs courants (6M¥ au lieu de 20M¥). Au mur trône un pneu de 3,5m de haut fabriqué avec sa machine. Avec en son centre, la photo de Wen Jiabao, le 1er ministre, natif de la région, qui visitait Saixiang quelques mois avant. «D’ailleurs, ajoute Zhang, nous préparons le prochain modèle, capable d’usiner un pneu de 5m : ce sera le record du monde».

Non contente de faire dans le pneu, la firme fournit aussi à Airbus ses conteneurs pour structures d’A320, nécessaires au transport maritime depuis l’Europe.

Plus tôt, nous sommes passés par l’ISEIAC, l’école franco-chinoise d’aéronautique. Ouverte en 1987, elle compte déjà 200 élèves, recrutés parmi la crème des bacheliers du pays, et aura atteint son rythme de croisière avec 600 dès 2011, une fois qu’elle disposera de son propre campus -elle est aujourd’hui logée « chez l’habitant », dans l’université aéronautique de Tianjin (UAT, 16.000 étudiants). Financée par les deux pays et soutenue par l’Europe, Airbus, Thales et Safran, l’ISEIAC dispense 27 licences et 25 maîtrises. Elle conduit au master en un an, au diplôme d’ingénieur en 5 ans. Son originalité : l’enseignement partiellement en français, par 3 grandes écoles de France (7 enseignants, qui seront 20 dans deux ans). L’UAT fournit les 13 autres professeurs, qui doivent augmenter à 25). Le cursus est même trilingue, car l’anglais est tout aussi présent, langue d’Airbus-Tianjin, et langue de ce métier très mondialisé. Cette anglomanie déçoit un peu Wang Ning (20 ans, du Henan), qui avait choisi l’ISEIAC, par amour de la langue de Molière…

Dernier arrêt : chez Schneider, une des 21 usines du pays. 900 employés, presque toutes des femmes y montent un disjoncteur modulaire, vendu en Chine à 400M de copies : « un Chinois sur trois en ‘a’ un»… Notre guide dans l’usine ne le sait pas encore, mais la firme vient de perdre un procès historique contre son copieur n°1, qui a réussi à faire condamner le groupe… pour piratage (voir rubrique argent) ! Mais la vie continue. De la crise, Schneider attend en 2009 un ralentissement de sa croissance à +4 à 5%. Comme d’autres firmes en Chine, Schneider réagit… en investissant plus, dans une usine de 10M², afin de pouvoir lancer ses nouveaux produits simultanément en Europe et en Chine. Une décision qui reflète la foi de son état-major : crise ou pas, c’est dans cette région du monde que se trouve le marché de l’avenir.

 

 

 

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