Investissements : L’Europe, Huawei… et les autres !

Le 14 février, le Parlement Européen adopte après deux ans de tractations un règlement de surveillance renforcée des investissements étrangers. Présenté comme neutre et non-discriminatoire, ce cadre veut protéger les pépites technologiques des Etats membres contre les rachats extérieurs, notamment de la Chine, précise l’élu Franck Proust.

L’autre débat qui fait rage en Europe, concerne le sort de Huawei et de sa technologie 5G, entre les pressions américaines et celles de Pékin. L’Europe s’apprête à investir dans cette filière 250 à 400 milliards d’€ d’ici 2025. Huawei étant 20% à 30% moins cher que la concurrence, le ministre allemand P. Altmaier pense qu’un embargo sur sa 5G ferait perdre à l’Europe « deux années de croissance ». Italie, Allemagne et France semblent pour l’instant préférer une approche normative d’octroi de licences, plutôt qu’une mise an ban de tel groupe ou tel pays. Le Royaume-Uni est divisé. Au Centre national britannique de cybersécurité, un ex-patron déclare n’avoir identifié nulle activité malveillante chez Huawei–UK. Mais un autre haut cadre déplore qu’en 12 ans, le groupe n’ait « offert aucune solution aux failles de sécurité » détectées dans son système. L’ancien diplomate Charles Parton, dans un rapport pour un think-tank militaire, enfonce le clou, estimant « naïf et irresponsable» de confier le réseau 5G britannique à Huawei, fleuron d’un Etat réputé pour son espionnage. Côté Huawei, le PDG Lian Hua déclare que son groupe dispose d’une base juridique suffisante pour s’opposer, si c’était le cas, à une demande de l’Etat chinois, d’installer des « puces » d’espionnage dans ses serveurs destinés à l’export.

Enfin le 22 février, M. Pompeo le secrétaire d’Etat réitère sa menace : tout pays s’équipant avec Huawei, verrait les USA cesser de partager avec eux d’informations sensibles, et peut-être retirer de leur sol les bases militaires, voire l’ambassade américaine !

Mais ces foudres semblent en fait aléatoires, car conditionnelles, ne devant advenir qu’en cas d’échec dans les palabres commerciales en cours à Washington. Et de ce côté, le ciel se dégage : Xie Maosong, professeur à l’école du Parti annonce qu’un accord serait en bonne voie. Du coup, Meng Wanzhou, la fille du fondateur de Huawei Ren Zhengfei (cf photo), bloquée à Vancouver, pourrait être libérée dès avril ! Tout cela laisse l’impression que dans le vaste procès en cours, Huawei, l’accusé, paie pour l’ensemble des méthodes, dont l’espionnage, ayant permis à la Chine de combler son retard technologique et commercial, une pratique que l’Occident ne tolère plus.

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1 Commentaire
  1. severy

    Bref, tout va mal qui finit bien. C’est peu tenir compte de l’aspect cyclique de l’histoire.

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