Dix mois de crise, déjà ! Une question est de savoir comment elle agit sur la jeunesse. Horizon Research l’a posée en mai dans 10 villes à 3295 Chinois de 24-45 ans, au revenu minimal de 1800¥ et a révélé ses conclusions le 08/06 face à la presse.
Saute d’abord aux yeux une plus forte sédentarisation. 61% ne veulent pas «changer d’emploi», contre 11% qui «le désirent». Pendant ces temps de crise, 22% «étudient durant leur travail» (cours du soir, par correspondance), 21% pensent se mettre à leur compte, sans doute pas vraiment par choix !
De grands sacrifices ont été consentis par employeur et employé, pour sauver ces positions : 33% des jeunes ont subi depuis janvier une coupe de salaire (sous l’effet d’un plan du gouvernement). 73% le regrettent, estimant leur enveloppe insuffisante. On travaille plus longtemps, aussi, on s’absente moins, on essaie d’être plus rentable.
44% se disent « déjà bienheureux d’avoir un job », mais ce n’est pas pour autant l’optimisme. 70% ne voient pas la crise bientôt finir, ni les sacrifices temporaires. Comme s’ils craignaient qu’un âge d’or vienne de s’éteindre, ou bien que leur firme n’ait été tentée de rogner leurs salaires pour améliorer ses marges.
Pour tenir le coup, on économise : 30% sortent moins (ou plus du tout) au restaurant, 31,7% dînent plus à la maison. Dans la journée, on fait plus dans le snack : sandwich (Mc Do), chocolat, glace. 56% n’ont pas coupé dans ce budget, 13% l’ont renforcé. La glace par exemple, a un effet de bienheureuse illusion éphémère, genre « crise connaît-pas », et de remède au stress. Mais cette nutrition sans diététique se paiera plus tard par des gains en obésité, hypertension et diabète : d’économie qui ruine, 10 ans plus tard, faute d’y remédier. Côté transports, seuls 6,4% ont réduit l’usage de la voiture, mais 27% ont coupé sur le taxi. Ils sont quand même 37% de plus à prendre le bus, 17% de plus la marche, 11% de plus le vélo (sur courtes distances).
Ils sont 34% seulement à avouer plus de stress (question de face ?), et davantage, chez les 24-30 ans que chez leurs aînés : psychologiquement plus fragiles, et légalement plus vulnérables à la mise à pied, en tant que célibataires et sans enfant.
Voici enfin la bonne nouvelle montée en épingle par la presse, optimisme oblige: sous l’effet de la crise, le couple investit plus sur lui-même, en attention, temps et soutien mutuel. 21,3% se promènent plus, 17,2% parlent davantage et construisent leur couple, se comprennent mieux. Bilan: 13,2% des jeunes couples sont plus unis qu’avant la crise. Seuls 2,9% s’avouent en enfer -peut-être parce que le plus financièrement fort, ne veut pas partager. Mystérieusement, 83,3% disent leurs rapports «inchangés» : peut-être aveugles au tsunami en train de bouleverser à jamais leur cadre de vie !
Sommaire N° 21