Petit Peuple : Mianyang (Sichuan)—La liberté d’une trop belle fille (1ère Partie)

Quand naquit Jingjing à Mianyang (Sichuan) en mai 1999, ses parents essuyèrent une larme d’émotion, constatant la beauté de leur fille. De sa mère, elle héritait des joues et des pommettes fraîches. De son père, elle gardait ses lèvres fines qui semblaient sourire, et des yeux noirs de jais, non bridés, écarquillés. Le nom qu’ils lui donnèrent, Jingjing (« beauté de jade ») s’accordait à celui de famille, Qingchen (« pureté de l’aube »), et résumait l’admiration sans borne des parents.

Quelques années après, Jingjing commença à montrer des propensions à l’orgueil, ce qui était la rançon de l’adulation qui l’entourait en permanence : parents et proches rivalisaient pour satisfaire ses moindres désirs. Les rares fois où sa mère tentait de lui refuser des bonbons, un tour de manège, ou l’achat d’un vélo pour son anniversaire, elle allait voir son père, enjôleuse et câline, et obtenait ce qu’elle voulait à force d’insistance.

En 2004, à l’âge de cinq ans, quand le couple se sépara, sur fond de disputes – père et mère s’assimilant toujours plus à leurs clans et donc rejetant toujours plus les différences de l’autre. À même époque, les infidélités répétées du père n’arrangèrent rien. Restée chez sa maman, Jingjing n’avait désormais plus personne pour savoir lui dire « non », ni dans la famille, ni dans le petit monde de son enfance.

A l’école, au lieu d’écouter le maître, elle passait son temps à rêvasser, et plus tard, à sourire aux garçons. De toute la classe, elle était celle qui en faisait le moins à la maison. Après l’école, elle préférait passer son temps dehors à la tête d’une petite bande de copines, à jouer ou se promener dans la rue, des heures durant. Sa mère, au travail du matin au soir dans une mercerie lointaine, la croyait à ses devoirs.

Curieusement, ces frasques quotidiennes ne l’empêchaient pas de s’en tirer aux tests chaque semestre, atteignant de justesse la note pour passer dans la classe supérieure. Ce petit miracle était facilité par les amis dont elle était la star, qui passaient leur temps à lui passer les cours mal copiés par elle, à lui expliquer les formules mal comprises, à lui fournir en catimini les réponses. Même les professeurs ne rechignaient pas à l’aider après la classe en lui donnant des cours particuliers. Ainsi, la jeune fille parvint à gravir sans encombres les étapes. Si son bagage scolaire était faible, son apparence était irréprochable—et par chance du ciel, tout lui allait à ravir : elle était une gravure de mode sans effort.

A 15 ans, un élève de terminale tomba amoureux d’elle, confirmant son pouvoir d’attraction sans borne. Et le duo fut l’objet de toutes les rumeurs du lycée pendant des mois…

A 17 ans, après les cours, Jingjing s’amusa avec trois filles de sa bande, à s’habiller ultracourt. Elles s’amusaient de l’émoi des passants, qui ne savait plus où poser le regard…

Au moment du Gaokao, vint l’heure des comptes : avec toutes les mesures sécuritaires et les examinateurs venus de l’extérieur, impossible de tricher ! Faute d’avoir bien appris et bien révisé, Jingjing ne put faire mieux qu’un score médiocre, ne lui ouvrant pas même les portes d’universités de dernière catégorie…

Fille pleine de ressources, elle obtint par l’entremise d’un de ses contacts une place miraculeuse, comme secrétaire de direction dans un consortium public de l’électronique coté en bourse. Son patron, qui avait assisté à l’embauche, y était chef de division. C’était un poste inespéré pour elle, et qui normalement aurait dû revenir à une diplômée d’études supérieures. Elle pouvait y faire une carrière douce et confortable, plutôt bien payée.

Aux débuts, le chef paternaliste et toujours souriant fermait les yeux sur ses fautes d’orthographe, ses oublis de rendez-vous ou de réservation de restaurant ou d’avion. Malheureusement pour elle, l’homme ne l’avait engagée sans une idée derrière la tête. Lui aussi intéressé par sa beauté, il voulait en faire un peu plus qu’une secrétaire modèle.

Or, tel était son secret, quoiqu’ayant déjà fait les quatre cent coups dans son adolescence, notre héroïne s’était interdit de faire le pas qui ferait d’elle une femme. Par sa volonté, ses amours s’étaient invariablement cantonnées à la phase platonique. Question de principe, elle ne se donnerait qu’à un homme qu’elle aimerait, et qu’à un seul, ainsi avait-elle décidé. Pas question donc de se livrer à quiconque par intérêt, fut-ce pour une promotion. Elle le savait bien, ces audaces et la liberté qu’elle émanait, étaient dangereuses : elle devait conserver une attitude impeccable, pour « garder sa réputation, seule contre tous » (独善其身, dú shàn qí shēn ) ! Aussi, au premier geste déplacé du patron, elle se cabra et le remit en place. Et au bout de quelques semaines d’insuccès, il la congédia sèchement.

Après un tel échec dans une compagnie publique convoitée, dans une ville où tout le monde se connaissait, retrouver une telle place serait difficile. Elle découvrait soudain le prix à payer pour préserver sa liberté et sa réputation. Mais pour autant, elle n’était pas prête à renoncer au pouvoir qu’elle exerçait sur les autres, depuis sa naissance…

Qu’allait-elle donc faire à présent ? Vous le saurez la semaine prochaine !

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1 Commentaire
  1. severy

    Une fois de plus, le lecteur inassouvi reste suspendu aux lêvres de cette vierge dont les yeux en boule de loto refusent de vider celles de son chef de division qui se prend pour un mandarin alors qu’il devrait – comme tout membre du Parti qui se respecte – ne point tâter la chair fraîche de cette pivoine vergondée. On attend la suite avec impatience (en touillant dans le bidon d’hémoglobine).

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