Jusqu’à hier en matière d’exploration spatiale, la Chine marchait dans les traces des Etats-Unis ou de l’ex-URSS, reproduisant leurs missions d’il y a 40 ans. Mais le 8 décembre, tout change. Lancé depuis Xichang (Sichuan), le vaisseau Chang’e-4 (du nom de la déesse chinoise de la Lune) doit atteindre notre satellite début février, près du pôle Sud, sur la face cachée, celle qui reste toujours opposée à la Terre. Doté de six roues et deux panneaux solaires, son véhicule a bénéficié de l’expérience des missions précédentes, et de celle de Yutu (« lapin de jade »), la jeep lunaire déposée sur la Lune par Chang’e-3, qui s’est éteinte en août 2016, après 972 jours de bons et loyaux services.
Faute de ligne droite pour acheminer le signal du centre de commandes au vaisseau et au module une fois activé dans son cratère von Kàrmàn, il a fallu placer un satellite-relai, à 450.000 km de la Terre : Queqiao, dit « le pont de la pie » (nom chinois de l’étoile de Deneb). Cette zone noire hors interférences va permettre des expériences inédites, à l’abri des radiations aurorales et fréquences humaines. Un spectromètre à basse fréquence écoutera les explosions solaires et les rumeurs des régions reculées du cosmos, faisant avancer le savoir sur la naissance des premières étoiles.
De même, pour tester la fertilité de la lave du sol, des tubercules de pomme de terre et herbacées de type moutarde (peu gourmandes en eau et résistantes aux écarts de température) seront plantés, et des œufs de vers à soie seront incubés. Et quand on sait qu’une mission habitée vers le satellite sélène est programmée, sans doute pour 2022 (en même temps que l’installation d’une station orbitale permanente et 3 ans avant le lancement d’un laboratoire vers Mars), on devine l’ambition de la Chine d’établir une base lunaire permanente, dont les taïkonautes se relaieront, venus par la cabine spatiale Shenzhou.
Un projet concurrent est d’ailleurs en préparation à la NASA. Pour l’instant, un vote au Congrès américain prive la NASA de tout droit de coopérer avec le programme spatial chinois. Dommage : ce programme doté d’un budget de 8 milliards de $, permettrait aux partenaires américains de faire des économies et une plus riche récolte de données. La Chine paie cher une erreur commise il y a une dizaine d’années, ayant été prise sur le fait en train de pirater un satellite qui lui avait été confié en co-développement par la NASA… Erreur de jeunesse !
1 Commentaire
severy
15 décembre 2018 à 22:10La Chine se préparerait-elle à ouvrir une filiale de McWang en tentant de faire pousser à la surface de Séléné, la variété la plus populaire des patates inventée par Luther Burbank? On se pourlèche déjà les babines rien qu’en pensant aux repas que l’on ferait en se remplissant l’estomac de ces délicieux tubercules joyeusement irradiés de rayons cosmiques. Un régal!