Digitalisation et Intelligence Artificielle (IA) doivent aider la Chine à dominer l’ère post-internet : tel est le message de la Conférence mondiale de l’Internet de Wuzhen (Zhejiang, 7-9 novembre). En effet, la Chine ne cache pas sa volonté d’accélérer le passage d’une économie industrielle d’exportations, à une autre qui sera basée sur l’IA. En 2017, sur 15,2 milliards $ investis à l’échelle mondiale dans des start-up en IA, près de 50% allait en Chine, contre 38% aux USA.
Suivant le plan de 2017 soutenu par Xi Jinping en personne, la Chine a prétend devenir un des leaders de l’IA dès 2020. Dès 2025, elle veut vendre à travers le monde ses gadgets connectés. Et d’ici 2030, elle veut s’être imposée comme n°1 mondial, avec un secteur devant atteindre les 143 milliards de $ par an d’ici 2030 ! Le savoir-faire chinois en IA s’exporte déjà, tel son logiciel de reconnaissance faciale efficace à 99,9%, installé dans les aéroports du Zimbabwe et d’ailleurs en Afrique.
De telles ambitions ne sont pas du goût de tous, USA en tête, qui freinent transferts technologiques et investissements chinois sur leur sol. La Chine est accusée d’encourager ses firmes à racheter des groupes d’IA avec portefeuilles de brevets et centres de recherche, tels Kuka, un maître allemand en robotique industrielle.
Le régime y voit un intérêt pour son propre contrôle social : la reconnaissance faciale s’impose partout sur son sol, le Xinjiang lui servant de laboratoire in vitro.
En IA, la Chine dispose de trois atouts : d’abord, sa capacité de financement, puis celle de confier aux groupes privés des pans entiers d’économie future, tel le paiement en ligne chez Alibaba, la médecine assistée chez Tencent, la voiture autonome chez Baidu… Enfin, elle génère des volumes imbattables de données personnelles, indispensables au développement de logiciels intelligents. Or, cette collecte de données n’est pas bridée par des lois de protection de la vie privée : résultat, la R&D de l’intelligence artificielle chinoise, et sa mise en pratique se font plus vite qu’ailleurs.
A Pékin, Face++, la technologie de la start-up pékinoise Megvii, accède à 1,3 milliard de données biométriques obtenues en direct par 170 millions (bientôt 570 millions) de caméras installées à travers le pays. Créée en 2011 par trois jeunes de l’Université Tsinghua, Megvii vaut déjà 4,5 milliards de $, financés par la filiale d’Alibaba Ant Financial, par l’assembleur Foxconn, par les assurances Sunshine, et un fonds sino-russe (pour 460 millions de $) – autant de soutiens très proches du pouvoir.
Par Sébastien Le Belzic
1 Commentaire
severy
20 novembre 2018 à 14:58C’est merveilleux, le progrès. Grâce au Parti, les Chinois vont bientôt pouvoir habiter dans des ruches.