Sous la torpeur de l’été indien, le frein économique cause de curieux conflits sociaux – la touffeur de l’atmsphère urbaine, se conjuguant à l’incertitude, la crainte des lendemains.
À Leiyang (Hunan), le 1er septembre, des milliers de parents affrontèrent la police, tentant de s’opposer au plan municipal d’inscrire de force 10.000 enfants en internat privé, l’école publique étant saturée.
Mi-août à Weizhou (Ningxia), des milliers de Hui s’opposaient à la démolition de leur mosquée à 4 minarets et 9 dômes, ordonnée par « excès de zèle » (selon le département du Front Uni) en l’absence de la gouverneure dans la province. L’ordre fut rétabli une fois la gouverneure de retour : les cadres trop pressés furent blâmés. Le sanctuaire lui, reste illégal, sous infraction au permis de construire.
Ces 8-9 septembre, le chef de l’Etat Xi Jinping faisait face à un choix difficile concernant la Corée du Nord : aller ou non à Pyongyang, au 70ème anniversaire de la RDPC. Déjà, Trump accusait Pékin d’encourager Kim Jong-un (le « cher » leader) à reporter son démantèlement atomique dans l’espoir d’arracher des compensations. Si Xi s’y rendait, il versait de l’eau au moulin des soupçons de D. Trump et ranimait la vieille alliance entre partis-frères, en veilleuse ces dernières années. Mais s’il n’y allait pas, il lâchait le petit régime stalinien, ce qui ne pouvait pas être dans l’intérêt de la Chine. Espérant ainsi éviter de mettre de l’huile sur le feu avec Trump, Xi a choisi de déléguer Li Zhanshu, Président du Parlement, 3ème personnage du régime, aux festivités (parade militaire, tableaux callisthéniques aux centaines de milliers de figurants). Trump sera-t-il sensible au geste temporisateur ? Probablement pas : aux dernières rumeurs, une vague de taxes américaines sur 200 milliards de $ d’exports chinois devrait tomber incessamment. D’ailleurs, l’équipe de Xi se serait résignée à la perspective d’une entrée en guerre froide de longue durée.
Le sujet central du moment a été le sommet sino-africain FOCAC, les 3 et 4 septembre à Pékin, sur trame de plan BRI des nouvelles routes de la soie. Mais ces efforts vers le continent noir ne signifient pas que la Chine oublie ses autres intérêts diplomatiques, notamment avec ses partenaires régionaux, Corée du Sud et Japon.
La Japon vit envers la Chine des sentiments contradictoires. Après cinq années de relations exécrables, Shinzo Abe le Premier ministre, ressent le besoin de restaurer les liens avec ce pays qui demeure malgré tout un partenaire essentiel. Il en a besoin, comme argument électoral dans le scrutin législatif désormais proche. La Chine elle aussi, est favorable à l’embellie, pour compenser la dégradation de ses propres relations avec les Etats-Unis.
Or, voici qu’en conclave à Singapour les négociateurs des 10 pays de l’ASEAN ainsi que d’Inde, d’Australie, de Nouvelle Zélande, de Corée du Sud, de Chine et du Japon viennent de faire un grand pas vers le RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership), accord de libre-échange proposé par la Chine. Ils doivent se retrouver à Singapour en novembre, et espèrent aboutir d’ici décembre.
Le problème est que Pékin ne lui rend pas la vie facile. Embarquée dans son programme d’accélération de son armement, l’APL reçoit chaque mois de nouveaux bombardiers, avions espions et sous-marins, les lançant en des missions quasi quotidiennes autour des îles Senkaku, revendiquées par Pékin sous le nom de Diaoyu.
Mais, pour le ministre nippon de la Défense I. Onodera, ce réarmement chinois et l’accélération des incursions dans cette zone sous sa souveraineté, sont une « escalade unilatérale ». Incontestablement, ils compromettent les velléités de rapprochement et jettent un doute sur l’unanimité entre gouvernement chinois et armée sur la question pourtant cruciale du rapport avec l’Empire du Soleil Levant.
1 Commentaire
severy
14 septembre 2018 à 12:35Hmmm…! Une dissension entre pouvoir politique et tête de l’armée est discutable. Dissension de façade pouvant faire croire que le pouvoir politique est plus ouvert et a besoin de concessions de la part de l’étranger afin de prétendre donner le change en réfrénant les vieilles tendances impérialistes de l’armée. Le pouvoir joue depuis longtemps une sacrée partie d’échecs.