Pol : Taïwan – une dérive brisée

— Trompant les sondages, le scrutin législatif taiwanais (11/12) a laissé à l’opposition nationaliste (coalition Kuomintang) sa frêle majorité (51%), à 114 sièges sur les 225 du Yuan Legislatif.

Avec son allié TSU (Taiwan Solidarity Union), le DPP indépendantiste (le Parti démocratique du Progrès) a 101 élus. Chen Shui-bian, le Président séparatiste, avait proposé de franchir systématiquement tous les pas “préparatoires avant le Rubicon” de l’indépendance de jure. Il voulait ainsi remplacer par «Taiwan» le nom de  «Chine» dans les groupes d’Etat comme China Airlines, et les officines de l’île à l’étranger. Les firmes visées sont peu enthousiastes, ne voyant que des ennuis à attendre de cette démarche politique… Face a cette stratégie, le peuple insulaire a tranché. En maintenant le partage du pouvoir, il refuse l’aventure d’une confrontation armée avec Pékin, qu’une victoire du DPP, clair mandat pour la séparation, aurait rendue possible!

— Réclamée par la Chine et soutenue par les poids lourds de la France et de l’Allemagne, la levée de l’embargo sur les ventes d’armes n’a finalement pas eu lieu au sommet “Chine/Union Européenne” des 25 ministres des Affaires étrangères de la Haye, et de Wen Jiabao (8/12).

C’était prévu. La Chine avait exclu tout compromis sur le plan des droits de l’homme (telle la signature de la Charte internationale des droits civils et politiques, réclamée par  certains). Les 25 réitéraient la demande de relations privilégiées avec Pékin, mais une sensibilité “nordique” (Hollande, Danemark, Suède, Grande-Bretagne) s’inquiétait d’une levée non précédée d’un code de conduite entre Etats-membres. La réunion dura 2h45, et s’acheva sur le refus des 25, provoquant un instant de déception du 1er ministre chinois, qui dénonçait ce traitement “discriminatoire”. Pour autant, un “signe positif” a été transmis à Wen Jiabao : dans les couloirs, et par micros interposés, il apprenait que l’embargo disparaîtrait, “avant l’été 2005” -probablement!

— En matière de pub et de jeux internets en Chine, la liberté est grande -mais pas illimitée : deux groupes étrangers l’apprennent à leur dépens.

En un clip télévisé diffusé en Chine, sans penser à mal, Nike montrait Lebron James, star du basketball, terrassant tour à tour un maître de kungfu, 2 amazones locales et 2 dragons, symboles de la puissance chinoise.

Pour sa part, Sega (Grande Bretagne), dans son jeu «Soccer Manager 2005», avait imprudemment doté Tibet, Hong Kong et Taiwan d’équipes «nationales», les reconnaissant ainsi comme des «pays». Que n’avaient-ils fait!

Nike a été fustigé pour «blasphème de la dignité nationale» (il s’est vite excusé) et Sega, d’«atteinte à la souveraineté et intégrité territoriale». Tous deux sont bannis de l’éther et de la toile chinoise, avec amendes pouvant atteindre 1800$ aux cafés internet et webmasters qui enfreindraient le ban!

NB : les deux produits incriminés avaient pour sujet le sport – indice d’un écart culturel entre Chine et Occident sur ce sujet, et source de malentendus possibles d’ici les Jeux Olympiques de Pékin en 2008.

 

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