Le scandale Fan Bingbing n’en finit pas de faire des vagues. Alors que débutait en mai le tournage de « Cell Phone 2 », réalisé par Feng Xiaogang, l’actrice était accusée par l’animateur TV Cui Yongyuan de frauder le fisc par la technique de contrats « ying-yang », consistant à oublier la majeure part du cachet (50 millions de ¥ pour 4 jours de tournage, dont seuls 10 déclarés). Par la suite, Huayi Brothers, la maison productrice, 7ème du pays, était visitée par des inspecteurs des impôts : son action en bourse de Shenzhen dévissait alors de 10%, le 4 juin—2,3 milliards de ¥ partis en fumée… Puis le 12 juin, les frères Wang, Zhongjun et Zhonglei, grands actionnaires, montaient au créneau pour garantir la « quasi-totalité » du capital. C’était pour rassurer, mais ils obtenaient l’effet inverse, paniquant les petits porteurs. C’est que depuis 2017, Huayi Brothers croule sous les dettes, ayant grillé de 25% de sa valorisation boursière..
Milliardaires, ces frères Wang sont issus d’une famille militaire influente au réseau étendu, notamment auprès du groupe CITIC, une des grosses compagnies d’investissements « privées » du pays. Sans nul hasard, la mise de fonds initiale du groupe Huayi Brothers en 1994, venait de la CITIC. À en croire la rumeur, une partie des actions de Huayi seraient aux mains de Jia Yueting, le PDG-fondateur de LeEco, consortium électronique privé, aujourd’hui également dans la tourmente. Mais selon d’autres sources, l’origine des ennuis de Huayi Brothers aurait moins eu à voir avec des dettes, qu’avec des accointances avec des alliés de l’ex-Président Jiang Zemin, pas au goût de l’actuel maître du pays Xi Jinping.
D’autres compagnies privées dans l’univers du 7ème art et du divertissement, souffrent des mêmes maux. Pour se désendetter, Wanda ces derniers mois n’en finit pas d’écouler ses actifs, y compris dans sa branche « cinéma ». Même tendance chez d’autres grandes compagnies privées comme HNA ou les assurances Anbang… Xi Jinping semble ainsi démanteler un à un les réseaux financiers des législatures ayant précédé la sienne : c’est dans la logique de son concept « Rêve de Chine » (中国梦). Les dernières promotions au Bureau Politique, suite au Congrès d’octobre 2017, vont dans la même ligne : Wang Chen (68 ans), directeur de l’agence Chine Nouvelle de 2002 à 2008, et Huang Kunming (62 ans) – directeur du bureau de la Propagande, sont là pour renforcer le rôle du message public, idéologique, dans un esprit de reconquête et de contrôle plus étroit de l’opinion – et bien sûr du cinéma « grand public ».
1 Commentaire
severy
5 juillet 2018 à 16:10Vivement les séries soporifiques traitant de la reprise en main idéologique de la jeunesse du pays, honteusement prisonnière du cinéma d’imagination étranger, mortel ennemi de la robotisation acéphale figurant au merveilleux programme d’un pouvoir qui pète de frousse de le perdre.