Culture : Du rififi chez Fan Bingbing

Du rififi chez Fan Bingbing

Fan Bingbing, la diva du cinéma a des ennuis depuis mai, après l’annonce de « Cell Phone 2 », son dernier film de Feng Xiaogang. Cui Yongyuan, présentateur sur le retour l’accuse d’avoir fraudé le fisc. Pour 4 jours de tournage, la star aurait empoché 10 millions d’€ dont 80% non déclarés, par double facturation (l’une publique, l’autre sous le manteau) dite « contrat yin-yang » (阴阳合同). Dès lors, le ministère des Finances fronce les sourcils et lance ses limiers (3 juin). Fan porte plainte en diffamation, Cui se rétracte mollement – mais les diables sont lâchés.

Invitée obligée du Festival de Cannes chaque année, Fan aligne 51 films champions du box-office chinois («  I am not Madame Bovary », 2016), français (« Stretch », 2011) et hollywoodien (« X-Men: Days of Future Past », 2014). Sans compter 42 séries TV. Elle est également l’égérie de maisons de mode (Ferragamo, Louis Vuitton), et depuis 2013, Forbes la classe en tête des actrices les mieux payées au monde. Bon bilan, pour une femme de 31 ans !

L’inimitié avec Cui, son détracteur, ne date pas d’hier. En 2003, le  « Cell Phone 1 » montrait Fan (actrice principale) en amante d’une star de la télévision. Cui s’était senti visé et avait lancé un premier scandale, s’estimant diffamé. Quand en 2018, Feng Xiaogang annonça la sortie de son nouveau film, Cui explosa, dévoilant la fraude fiscale généralisée dans le monde du 7ème art, jusqu’alors tacitement tolérée. Mais dès lors, le ministère était contraint de s’arracher à sa léthargie bon enfant.
Le fameux « contrat yin-yang » est apparu en 2017, suite à un nouveau règlement de la SARFT, tutelle du cinéma et de la TV, qui prétendait plafonner les cachets des stars. Les studios ne pourraient verser aux acteurs plus de 40% du coût du film, et la vedette ne pourrait engranger plus de 70% des cachets.

Mais la SARFT a d’autres reproches amers à faire au cinéma chinois : elle le soupçonne de liens illicites avec les triades, parfois proches elles-mêmes de hauts dirigeants du Parti. En outre, sans remettre en cause la censure, la SARFT adresse un reproche qui semble indiscutable : l’absence d’imagination du cinéma chinois, son style vieux jeu qui l’empêche de s’exporter et de représenter le « soft power » par lequel le pouvoir rêve d’éblouir le monde…
Comment pour l’Etat tancer la diva, mais pas trop ? Lancer un avertissement au milieu cinématographique, sans aller trop loin ? On ne doute pas une seconde que le pouvoir saura trouver un juste milieu…

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