Société : Les Chinois sont comme des papillons

L’affaire ferait presque sourire : 20 ans de sondages dans les provinces ont convaincu Pan Suiming, chercheur à l’université Renmin (Pékin), que son pays est le plus porté sur l’adultère, en hausse chez les hommes comme chez les femmes, jeunes et moins jeunes. En 2015, 15% des femmes mariées ont eu une relation extra-maritale, taux qui passe à 34,8% chez les maris. Or en 2000, ils n’étaient que 11,8% à avouer s’adonner à l’infidélité. Ces chiffres sont des minimas, l’étude ne prenant en compte uniquement les réponses admettant une aventure extraconjugale.

Lorsqu’on remonte le cours de l’histoire, il était coutume d’évaluer le statut d’un homme au nombre de ses femmes, épouses et concubines. Sous Mao, le sexe avait été banni comme déviation « bourgeoise » – mais lui-même ne donnait pas l’exemple… Puis dans les années 80,  l’infidélité faisait son retour, exprimant une soif de volupté « post-révolutionnaire », allant de pair avec la hausse progressivement du niveau de vie. Tout homme d’influence (politiciens y compris), entretenait « ernai » (二奶), « xiaomi » (小蜜), souvent chanteuses ou présentatrices TV…

Autre raison alléguée à l’adultère : les mariages sont d’abord des arrangements financiers entre clans. L’amour n’est pas le premier critère dans une union, les considérations matérielles passent avant tout. Ce qui peut expliquer que les partenaires partent voir ailleurs.

Enfin, l’éducation formaliste et peu portée sur la psychologie, créé des jeunes générations malhabiles à échanger, s’épancher. Ils sont plus à l’aise sur les réseaux sociaux, comme WeChat permettant de détecter et contacter des amant(e)s potentiel(le)s près de chez soi.

Ainsi, les divorces augmentent (4,2 millions en 2016, +8,3%), tandis que le nombre de mariages s’effrite (-11,4 millions, -6,7%). Autre conséquence, les ennuis judiciaires. Entretenir une maîtresse nécessite des moyens, qu’on obtient en se laissant corrompre. 95% des corrompus purgés en 2015, étaient accusés de mener une double vie.

Pour enrayer l’épidémie, la Chine tente 100 recettes : les hôpitaux d’amour (pour requinquer les couples), les tests administratifs avant de prononcer le divorce, les téléfilms relatant des drames liés à l’adultère… Mais à l’évidence, la bonne méthode reste encore à définir, pour remettre la société sur le « droit chemin » d’une vie conjugale qui ne soit pas condamnée à la triche.

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