— Septembre avait vu l’abandon forcé, de Shell du gazoduc Urumqi-Shanghai (avec CNPC) et du projet offshore East China Sea (avec CNOOC).
Nonobstant, le groupe annonce 3 à 4MM$ d’investissement chinois dont 1MM$ dès 2004. Titulaire de Sakhaline-II, immense champ gazier russe, Shell discute avec Moscou, Pékin, Séoul et Tokyo pour vendre aux 3 asiatiques, via un ouvrage à 10MM$. Or Exxon-Mobil qui détient Sakhaline-I (313Mt de pétrole et 50MMm3 de gaz) prétend soudain (2/11) vendre 100% de ce gaz à CNPC et non au Japon, qui détient 30% des parts : il reproche à Tokyo sa lenteur à sortir les 12MM$ du gazoduc nécessaire (1500km)! Pour autant, sans crainte de passer pour une girouette, Exxon n’exclut plus l’option d’un transport naval, sous forme liquéfiée!
De son côté, Vladimir Poutine révélera le 15/12 le tracé définitif du gazoduc d’Irkoutsk, acheminant à l’Est le gaz de Sibérie. Pour l’instant, il fait mine d’ignorer la Chine (Dongbei), pour aller à la mer du Japon. Le coût de l’ouvrage, du même niveau que les autres, serait supporté par Tokyo.
Un simple regard sur une carte montre l’irrationalité de ces projets mis bout à bout. Le gaz le plus proche de Chine irait au Japon et vice-versa, Sakhaline-I et-II exigeraient chacun un gazoduc pour des routes identiques. Commentaire d’un pro: “c’est le grand jeu pétrolier sino-russo-nippo-coréen. Effets d’annonce et bras de fer !” Seule certitude du partage futur, tout le gaz russe est sous monopole de Gazprom – sauf celui de l’île Sakhaline !
— Un marché chinois sans états d’âme : celui de l’équipement en semi-conducteurs.
N°1 mondial, Applied Materials a placé en Chine, en 12 mois, pour 1MM$ de ventes, x10 en 4 ans. Mike Splinter son heureux PDG, croit encore voir ce chiffre doubler chaque an jusqu’en 2010. La Chine n’aurait plus qu’une à deux générations de retard (3-4 ans) sur les US, l’Asie, l’Union Européenne.
Exemple des clients d’Applied Materials, mutants issus du néant pour monter au firmament : SMIC, fondé en 2000 par R. Chang, entrepreneur taiwanais. SMIC enregistre son 4ème trimestre consécutif de gains (39M$ au 3. trimestre), et des ventes de 275M$ (+157%).
Débit mensuel: 125.000 gaufres de silice de 200mm, grâce à ses usines de Shanghai, celles de Tianjin (reprise en 2003 à Motorola) et celles de Pékin (capable de produire le dernier cri, des gaufres de 300mm)!
— Pour l’électroménager nippon, la vraie course à la Chine s’engage!
Le 15/10, le n°1 Hitachi ouvrait le bal, annonçant 780M² d’investissements d’ici 2006, pour porter ses ventes à 5,4MM² d’ici mars 2007.
Le 19, Matsushita répondait par 178M² d’investissement sur un nouveau complexe au Zhejiang, pour doubler ses ventes à 7MM²/an (!!!) à même date. La suite était inévitable: le 4/11, Toshiba, nain de l’électroménager en Chine (1% du marché), veut décupler son chiffre et s’allie à TCL pour créer à Canton une usine d’une capacité de 2M de réfrigérateurs et 1,5M de machines à laver.
Dès 2006, les ventes atteindront 220M². 70% des 494M² d’investissement de cette JV de production pèseront sur Toshiba, mais les cordons de la bourse seront chez TCL, avec 51% de la JV de vente! Modèles et technologie seront les plus récents.
Belle affaire pour TCL, déjà assuré de passer un des maîtres mondiaux du téléviseur par sa fusion sectorielle avec Thomson, et d’une bonne place en téléphone portable, par sa JV avec Alcatel !
Sommaire N° 36