Le 19/4 en gare de Pékin, un train rare faisait halte : celui de Kim Jong-Il, le cher leader de Corée du Nord, qui entamait sa 3ème visite chinoise depuis 2000, officielle et secrète. Clairement peu désireux de tenir le secret, le pouvoir chinois avait laissé fuir l’information.
La visite du maître du «Pays du Matin Calme» succédait à celle du Vice-Président Dick Cheney, qui avait apporté de nouvelles «preuves» de l’existence de la bombe coréenne, et réclamé de l’aide pour débloquer les négociations dans l’impasse, sur cette dernière zone de tension en Extrême-Orient.
Durant 3 jours, des entretiens se tinrent avec : Hu Jintao, tout le Comité Permanent (l’organe suprême), Jiang Zemin (en sa qualité de patron de l’armée populaire de libération – APL), bon nombre de conseillers d’Etat, membres du Bureau politique et ministres.
Ce défilé suggérait la volonté de marteler un message en 4 points:
[1] Kim recevrait de beaux «cadeaux », épongeage de dettes, don de céréales et carburant (y-compris, peut-être, les 2 trains d’essence et nitrate d’ammonium qui sautèrent le 22/4 à Ryongchon, 50 km derrière la frontière, causant des centaines ou milliers de morts), publicité à la télévision sur la visite (12 minutes), qui rompraient l’isolement de son pays.
[2] Pékin ne tolérera pas d’atteinte à sa sécurité frontalière. Pyongyang n’a d’autre choix qu’abandonner son programme nucléaire, exigence US partagée par la Chine!
[3] Le risque d’attaque yankee étant quasi-nul, l’hostilité de la Corée du Nord envers Washington est nuisible à sa propre demande d’assistance économique!
[4] La Chine priait son petit voisin d’observer les succès de sa politique de réforme : Kim fut conduit dans une ferme modèle pékinoise et à la zone industrielle de Tianjin (Teda).
Telle que rapportée par Pékin, la réponse de Kim fut peu engageante. Le cher leader aurait promis de se montrer «patient et flexible», lors du prochain sommet multilatéral en juillet. Mais Pékin mit en garde contre des espoirs d’accord précipité. En clair, les conditions d’une paix ne sont pas réunies! Pour la Chine, c’est une demi déception : elle a tout intérêt à réaliser cette paix à ses conditions, entre deux Corées alliées à elle, mais pas entre elles, tout en obligeant les US de George Bush (dont elle sauverait peut-être la réélection), à des concessions sur Taiwan.
Paradoxalement, le drame de Ryongchon pourrait en fin de comptes éclairer le sombre tableau :
1. Pyongyang a reconnu en 24 h la cause de la catastrophe – erreur d’incompétence, pas sabotage.
2. Un élan mondial de compassion et d’aide se manifeste, même des US. Entre le monde et la Corée, ce moment ouvre une fenêtre de retrouvailles et confiance!
Sommaire N° 16