Il est la surprise de ce Plenum : Yang Xiaodu (杨晓渡) a un parcours peu commun, ayant débuté comme médecin « aux pieds nus », 25 ans au Tibet. Né à Shanghai en 1953, de famille modeste, il doit à 17 ans rejoindre une commune populaire à la campagne comme « jeune instruit ». En 1973, il entre au Parti, étudie la médecine traditionnelle chinoise (TCM). Diplômé en 3 ans, il part pour la Région Autonome du Tibet. En 1989, il troque son hôpital pour un poste de vice-secrétaire du Qamdo. En 1995, il passe à Lhassa, directeur financier régional. En 1998, il est vice-Président de la région, et suit trois ans d’études de droit par correspondance à l’Ecole Centrale du Parti.
Il rentre en 2001 à Shanghai par la grande porte, comme vice-maire. En 2006, il entre au Comité municipal, puis dirige le Front Uni jusqu’en 2012. En 2007, sa destinée croise celle de Xi Jinping, Secrétaire pour Shanghai pendant 8 mois, sur le point d’être désigné maître du pays. Xi repère Yang Xiaodu comme allié idéal, efficace, et n’ayant pas fait parti du « gang de Shanghai » de Jiang Zemin. En 2012, une fois Xi Jinping Président, Yang enchaîne les promotions, d’abord Secrétaire municipal de la Commission Centrale d’Inspection de la Discipline (CCID). En 2014, il monte à Pékin comme N°3 national à CCID : il va purger le Ministère de la Terre et des Ressources, fief de l’ex-Président Hu Jintao et de son Premier Ministre Wen Jiabao. Fin 2016 à 63 ans, il passe ministre de la Supervision. Début 2017, il est directeur du Bureau National de la Prévention de la Corruption. En mars 2017, il annonce que la chasse « aux gros crocodiles » est ouverte, celle des industriels enrichis par collusion avec les hautes sphères administratives.
Son élévation en octobre 2017 au Bureau Politique se fait à la surprise générale : il est le second homme de la CCID à siéger dans cette instance suprême – en sus de Zhao Leji son nouveau chef, qui accède au Comité Permanent. C’est une situation inédite, qui signifie que la campagne anti-corruption ne faiblira pas et pourrait même s’intensifier.
En mars 2018, Yang est nominé à la tête de la toute nouvelle Commission Nationale de Supervision. Ce nouvel organe de l’Etat, super agence de l’anti-corruption, doublera les prérogatives de la CCID et aura tout pouvoir pour traquer, en plus des cadres du Parti, tous les fonctionnaires (policiers, juges, directeurs d’école…). L’avenir devra montrer comment se fera le partage des tâches de l’anti-corruption entre Zhao Leji, le chef de la CCID (l’organe subalterne) et Yang Xiaodu, le subordonné dirigeant l’organe suprême.
Extrait de notre étude polique « Le sacre de Xi Jinping – et après ? «
Sommaire N° 11-12 (2018)