Depuis 2014, l’administration des devises (SAFE) s’est mise en guerre contre l’évasion monétaire. N’ayant jamais eu à faire face à un exode si important (1000 milliards de $ disparurent en 3 ans), l’Etat mit du temps à s’organiser. En 2017, l’Etat démantela 100 banques clandestines, confisquant des dizaines de milliards de $ et arrêtant 100 passeurs. En décembre pour le 11ème mois consécutif, les réserves remontaient à 3,14 milliards de $.
Pour 2018, la consigne est de frapper « avec plus d’enthousiasme » : de remonter les filières et faire respecter le contrôle des comptes de capitaux. Pour au moins trois ans, cette campagne va donc se renforcer et bloquer les passerelles entre banques et milieux d’affaires—que Xi Jinping surnomme « les chats et les rats », en un La Fontaine de l’économie chinoise. Ainsi la tutelle des banques (CBRC) veut empêcher ces dernières de prêter à des firmes en difficulté, et de dissuader ses propres cadres d’aller travailler dans ces mêmes banques pour gagner plus. Ainsi, le groupe central des réformes (une création de Xi) finalise un plan discuté depuis 2015, à présenter au Plenum de l’ANP en mars : la fusion de la CBRC et de la tutelle des assurances, CIRC.
Autre idée pour stabiliser l’économie : le Bureau des Statistiques lançait le 30 janvier un nouvel « indice PMI des directeurs d’achats », synthèse des PMI industriel et de services. Problème : ce nouvel indice semble peu fiable car le Bureau avait l’habitude de lisser les fluctuations des deux autres PMI en cas de déséquilibre des marchés.
Au moins, une leçon a peut-être fini par passer : 21 gouverneurs et secrétaires provinciaux ont émis pour leur région, des objectifs de croissance en baisse pour 2018. Le Yunnan par exemple, a fixé un objectif inférieur au PIB atteint l’an dernier. Cette modestie atypique reflète-t-elle une peur de sanctions pour avoir poursuivi la quête du Graal d’une croissance mirobolante ? Ou alors un pessimisme sincère vis-à-vis de la conjoncture de l’année ?
Cette tendance est exprimée par Lou Jiwei (cf photo), l’ex-ministre des Finances, en charge du fonds de la sécurité sociale, qui ose évoquer un « chaos financier » et désigner ce que l’Etat ne contrôle plus : la baisse de la main d’œuvre, la juste mesure entre environnement et croissance, celle entre globalisation et protectionnisme, et par-dessus tout, la dette des firmes d’Etat et des provinces.
1 Commentaire
severy
15 février 2018 à 12:35En matière d’incurie financière, les écuries d’Augias passent pour un trône étincelant dans des toilettes de palace à côté de l’immense dépotoir d’affaires sales et de coups tordus menaçant de déborder sur l’empire du « milieu » à une échelle telle que Yu le Grand préférerait s’enfuir sans demander son reste.