Agriculture : OGM – Percée chinoise, en Amérique

En 2009, deux variétés de riz génétiquement modifié (OGM) de l’équipe du professeur Zhang Qifa, (Université agronomique Huazhong de Wuhan – cf photo) recevaient du ministère de l’Agriculture leur agrément d’innocuité biologique. Lequel fut renouvelé en 2015. Le 20 janvier, Huahui-1, une de ces souches obtient de la FDA américaine (Food & Drugs Administration) sa licence d’exploitation, après avoir reçu celle d’innocuité aux pesticides. Ce riz est donc bon pour le service aux USA. Paradoxe, il ne l’est pas en Chine, qui ne permet sa culture qu’« à des fins de recherche » et ce, en dépit de ses multiples atouts. Dotée d’un gène de résistance aux insectes, la semence artificielle n’a plus besoin de chimie vermifuge, qui coûte cher au paysan et fait planer un risque sur la santé du consommateur. Selon les tests au Hubei, elle assure 8% de récolte supplémentaire, d’un riz plus riche en sels minéraux et éléments nutritifs.

Mais la Chine, qui interdit cette culture chez elle, peut-elle la tolérer à l’étranger ? Et changera-t-elle d’avis suite au feu vert américain ? Pas tout de suite en tout cas ! En février 2016, la Chine a déboursé 43 milliards de $ pour le contrôle du groupe Syngenta, n°2 mondial de l’agrochimie. Elle voulait remettre sur ses rails une recherche OGM locale qui s’avérait peu fiable, en dépit de 20 ans d’efforts publics. On peut supposer que Pékin voudra réserver son marché aux semences de Syngenta. Les enjeux derrière cette affaire sont bien évidemment politiques. Zhang Qifa, 64 ans, serait proche de Monsanto, le rival américain de Syngenta, qui pourrait bien être intervenu auprès de Trump pour obtenir ce feu vert. Qui plus est, Zhang Qifa est un concurrent notoire de Yuan Longping, 87 ans, l’indéboulonnable « père » du riz hybride, qui a l’oreille du Parti. Or, Yuan n’a nul intérêt à ce qu’un riz OGM vienne faire ombrage à sa souche hybride ! « Si nous ne pouvons pas le planter chez nous, concluait lucidement un des experts de l’équipe Zhang Qifa, peut-être vaudrait-il la peine d’essayer de le faire pousser ailleurs ? ».

Aux Etats-Unis manque encore le permis de cultiver. Mais au vu des besoins alimentaires mondiaux qui explosent, ce pays et la Chine pourraient ressentir le besoin d’exploiter toute la panoplie des moyens agronomiques disponibles y compris le Huzhui-1.

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