Le 28 novembre, après 74 jours de calme, la Corée du Nord a lancé un nouveau missile sur la mer du Japon: le Hwasong-15 s’est élevé à 4475m d’altitude, ce qui aurait permis une trajectoire de 13.000 km, assez pour frapper tout point des USA. Les experts du Pentagone estime que ces paramètres de tir ont été choisis pour « dissuader les USA de pratiquer toute rétorsion » – au risque de recevoir une vraie bombe atomique ! En apparence, cela marche : D. Trump, pour l’instant, bougonne que son pays « va s’en occuper », et prie Xi Jinping de « dénucléariser » la péninsule, de couper ses livraisons de pétrole à Pyongyang – ce que Pékin refuse de faire. La Chine s’est limitée à se déclarer « gravement concernée ». Elle peut l’être : 15 jours plus tôt, le leader Kim Jong-un refusait de recevoir un émissaire chinois. Entre ces « pays frères », le dialogue est sinon rompu, du moins tendu.
Les USA ne sont pas seuls à réclamer de la Chine des pressions sur son voisin. À Pékin le 24 novembre, le ministre français J-Y. Le Drian a confié à son homologue Wang Yi ses doutes sur la solution proposée par Pékin – que Pyongyang renonce à sa bombe, et Washington simultanément à ses manœuvres avec la Corée du Sud. Pour Le Drian, la seule chance d’enrayer la course à la bombe, serait de voir Pékin renforcer ses pressions sur le petit régime dictatorial. Or Wang Yi n’a pas semblé apprécier cette remise en question : « si la France a une meilleure solution, rétorqua-t-il, qu’elle le dise ». À l’évidence, la Chine espère une initiative du Président Macron, lors de sa visite mi-janvier 2018.
En attendant, on assiste à un inquiétant hiatus entre une opinion mondiale désabusée (d’avoir tant entendu crier « au loup »), et les experts affirmant que la bombe nord-coréenne sera opérationnelle « d’ici 1 à 2 ans », avec risque dès lors de dérapage, de catastrophe mondiale.
En effet, sur les côtes japonaises, on vient de retrouver trois barques nord-coréennes contenant 10 cadavres de pêcheurs, et 3 survivants. Ils faisaient partie d’une flottille de fragiles embarcations, lancées par le gouvernement nordiste face aux puissantes marées d’hiver, avec la mission désespérée de « rapporter de plus grandes pêches ». Le fait est là : la Corée du Nord meurt de froid et de faim. Elle a tout misé sur sa bombe, avec l’apparent objectif de prendre le monde en otage : comment, aujourd’hui, espérer lui demander d’y renoncer, si près du but ?
1 Commentaire
severy
2 décembre 2017 à 18:31Il n’y a plus qu’à espérer qu’elle leur pète dans les doigts. Entre un « incident »nucléaire quelque limité qu’il soit et une guerre nucléaire quelle que contenue qu’elle soit, le choix est simple. Mais mieux vaut miser sur une intervention-éclair non-nucléaire et se débarrasser d’un régime qui vampirise sa propre population. Une aide internationale massive devrait être en mesure d’empêcher la population d’émigrer en masse au sud comme au nord.