En marge de dossiers tels le blocus du Qatar par une coalition autour de l’Arabie saoudite ou le Sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) à Astana (Kazakhstan) les 8-9 juin, la Chine a présenté nombre de projets en matière de sciences et technologies de l’avenir.
Yang Liwei, directeur adjoint de l’Agence spatiale chinoise (et premier taïkonaute chinois en 2003) annonçait le 7 juin, deux chantiers d’exploration lunaire. Dès 2018, son équipe mettra à feu une fusée destinée à se poser sur la face cachée du satellite. A plus long terme (un autre cadre évoque l’échéance de 2036), la Chine fera alunir une mission habitée, prémisse d’une base permanente.
La Chine prépare aussi un autre outil de recherche de l’univers : un vaisseau spatial (cf photo) capable de décoller et d’atterrir horizontalement sur une piste d’aéroport. Conçu pour usages multiples, il allégerait fortement les coûts des voyages spatiaux hors atmosphère. La CASIC (China Aerospace Science and Industry Corp) vient de signaler des « progrès significatifs » dans la recherche d’un tel vaisseau destiné au transport de spationautes et de matériel, après avoir maîtrisé les problèmes de design et de construction du moteur, et achevé « la plupart des tests au sol ».
Le 8 juin, quelques jours après l’annonce par D. Trump du retrait des Etats-Unis de l’accord mondial climatique de Paris, Jerry Brown, gouverneur de Californie, apportait la réponse des membres du lobby climatique en signant un accord-cadre avec l’université Tsinghua et le ministère chinois des Sciences et Techniques. Etabli dans l’urgence comme « barrière coupe feu » au désastre du désengagement de Trump, ce document a un contenu plus politique que technique. Il promet d’établir un Institut sino-américain du changement climatique ainsi que des incubateurs de PME des deux pays en diverses provinces telles Sichuan et Jiangsu. Un des objectifs sera la mise au point de procédés commercialement viables de capture et de stockage de gaz carbonique.
D’autres recherches scientifiques sont publiées en nombre ces temps-ci, autour du thème du surpoids. En effet, parmi les 1,4 milliard d’habitants que compte la Chine, 130 millions souffrent d’obésité et 440 millions d’hommes, femmes et enfants, sont en surcharge pondérale. Une équipe sino-australienne s’est penchée sur le sujet depuis 2010, examinant 98.000 cas. Elle arrive à une conclusion inattendue, selon laquelle le surpoids qui était 10 ans plus tôt, l’apanage des riches dans un environnement pauvre et rural, se déplace désormais pour toucher les franges les moins prospères dans les villes, avec pour résultat prévisible des dizaines de millions de diabétiques, forçant le pays à perdre de précieuses parts de sa croissance en traitements hors de prix. Le mal est universel. Voici trois ans que la Chine a dépassé les Etats-Unis comme première nation en surpoids. En 10 ans depuis 2002, les hommes ont vu leur taille s’épaissir de 2,7cm en moyenne, les femmes de 2,1. Le Parti veut juguler la tendance par l’exercice physique – celui-là même dont Mao imposait la pratique, abandonnée depuis. En finançant à travers le pays, piscines, parcours de marche et salles de sport, il espère passer de 360 millions de pratiquants en 2014 à 530 millions en 2030. Une manière d’y parvenir, pourrait être la multiplication d’espaces publics faciles d’accès et aux nombreuses activités ludiques.
Justement, la ville de Pékin prépare sa nouvelle zone de Xiongan à 100 km au Sud-Ouest. D’ici fin juin, les plans pour cet espace de 100 km² écologiques, seront remis au Conseil d’Etat. Electricité, câblerie, transports et alimentation seront enterrés – sous gaines ou sous tunnel. La planification, selon Xu Kuangdi, architecte en chef, a été directement inspirée de celle de Paris. Un modèle ultrasophistiqué, difficile à universaliser, mais qui pourrait, ailleurs en Chine, servir d’exemple.
Sommaire N° 23 (2017)