Diplomatie : Sommet de l’Organisation de Shanghai – l’envol

Depuis sa fondation en 2001, l’OCS, Organisation de Coopération de Shanghai, aura rarement eu tel enjeu : à son 17ème sommet à Astana (Kazakhstan) les 8-9 juin, trois avancées majeures ont été atteintes, changeant peut-être la carte géostratégique planétaire.

La première : Inde et Pakistan deviennent membres, et l’OSC, la seconde organisation au territoire et au peuplement les plus vastes après l’ONU—50% de la population mondiale, 3/5èmes du continent euro-asiatique. C’est un signe d’un déplacement du centre de gravité diplomatique vers l’Est. Avec le partenaire Russe, la Chine a dû faire preuve d’extrême doigté, pour gérer l’élargissement à deux pays en pleine guerre froide. Le 14 mai encore, Delhi déclinait l’invitation au 1er Sommet « Ceinture et Route » (OBOR) à Pékin, par dépit de voir Pékin investir dans le « Corridor Economique » à travers le Cachemire pakistanais, que l’Inde revendique. Pour déminer le dossier, la Chine a dû donner des gages : faire pression sur le Pakistan (concession à l’Inde) pour qu’il s’abstienne de soulever l’affaire lors du Sommet, mais le laver de l’accusation par l’Afghanistan d’implication dans l’attentat à Kaboul du 31 mai, ayant causé 150 morts. En marge de l’OCS, Xi Jinping tenta d’organiser une rencontre entre les Premiers ministres Modi (Inde) et Sharif (Pakistan) – avec succès !

Seconde avancée : Astana put faire valider la stratégie OBOR de la Chine. C’était juste avant que l’Inde ne devienne membre, au risque qu’elle objecte à l’acceptation par l’OCS de ce plan économique qu’elle désapprouve pour l’instant. Cette préoccupation semble bien formelle, mais c’est par l’investissement et la croissance que la Chine compte apaiser les antagonismes du passé – et elle a besoin de confiance entre les membres pour développer la traque contre le terrorisme international.

La troisième avancée, des trois, est la plus risquée : la candidature de deux autres puissances régionales, Iran et Turquie. Concernant l’Iran, et en dépit du soutien de Moscou, Pékin a jusqu’à récemment retardé l’étude de sa candidature – redoutant de s’aliéner son ennemi juré, l’Arabie Saoudite. Mais la candidature doit être actée lors de ce Sommet, rendant l’intégration plausible désormais. La demande de la Turquie fut déposée par son Président Erdogan à Astana. Elle n’est pas moins problématique : Ankara se trouve être aussi membre de l’OTAN. Or, l’adhésion future de la Turquie à deux « clubs » de défense sécuritaire, l’un sous la houlette de Washington et l’autre sous celle de Pékin, fera froncer plus de deux sourcils—peut-être annonciateur d’un changement d’alliance.

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1 Commentaire
  1. severy

    Il est clair que la Turquie se détache d’un monde occidental qui ne l’a jamais vraiment acceptée, l’OTAN n’ayant pas grand chose à voir avec une allaince entre les peuples.

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