La Corée du Nord avait bien envoyé son ministre du Commerce extérieur au Sommet BRI (Belt & Road Initiative) à Pékin les 14-15 mai, mais Kim Yong-jae maintint en tout temps profil bas. Il faut dire que pendant ce temps, Pyongyang était en train de procéder –avec succès– à son 7ème test balistique. Le missile Hwasong-12 décollait sous le regard de Kim Jung-un, le petit dictateur, et volait 30 minutes avant de s’abîmer en mer du Japon.
Pour la Chine, plus encore pour Donald Trump, la provocation était cuisante, car la fusée venait d’atteindre l’apogée-record de 2000 km, ce qui la classait dans la catégorie vecteur de moyenne portée soit 4500 km, un pas de plus vers les missiles à « longue portée » pouvant vitrifier à 9000 km par déflagration nucléaire, des villes de la côte californienne.
Un détail significatif a été évoqué par le gouvernement sud-coréen. Pomme de discorde avec la Chine, le système Thaad installé sur son sol par les Etats-Unis avait su détecter ce décollage. Séoul s’est gardé de préciser s’il eût pu anéantir le missile en vol, si le Pentagone en avait donné l’ordre… Face à cela, la Chine devait se résigner à voter, avec les autres membres du Conseil de Sécurité de l’ONU, davantage de sanctions contre le « pays du Matin calme ». En général, Pékin bloque ce type de sanctions contre Pyongyang – par nostalgie idéologique et par doute sur l’efficacité de la mesure.
Pendant ce temps, la Corée du Sud vivait une révolution silencieuse, en élisant son nouveau Président Moon Jae-in (64 ans). Avocat, démocrate et défenseur des droits de l’Homme, Moon est l’héritier d’une politique de main tendue, dite « rayon de soleil ». De 2000 à 2008 sous administration démocrate, la Corée du Sud avait voulu tendre la main au Nord, la sortir de la misère tout en visant ensemble un traité de paix – la fin de la guerre de Corée. En 2008, cette politique était enterrée sous les critiques de la droite d’affaires et des chaebols. Elu à forte majorité, Moon paraît avoir l’autorité morale, et être décidé à assainir l’univers politique du pays.
La Corée du Sud, à présent, souhaite la fin de la course aux armements sur sa péninsule, la fin des vexations de Pékin suite à sa propre acceptation de la rampe Thaad—le tout, dans un climat de sécurité. Moon a déjà envoyé une série de légats, dont Lee Hae-chan, ancien Premier ministre, entre Pékin, Tokyo, Moscou, Berlin et Washington. Mais face à lui, il trouve une Chine, des USA et une Corée du Nord, toutes bien plus intransigeantes qu’il y a trois mois—une situation à tout prendre, extrêmement peu confortable.
1 Commentaire
severy
21 mai 2017 à 16:24Il conviendrait d’abandonner cette habitude vieillotte de désigner la Corée du nord sous l’appellation bien erronée de « Pays du matin calme » et de la remplacer par celle de « Pays du missile matinal », qui cadre plus avec l’actualité.
On ne voit d’autre part pas très bien comment, le dictatorion nord-coréen et sa clique de parasites s’entêtant à se passer autour du cou le noeud coulant du pouvoir absolu, la politique du »rayon de soleil » sud-coréen pourrait l’emporter face à la politique du « rayon de la mort » de son demi-frère du nord.