L’affaire se complique autour de la Corée du Nord – aucun signe d’apaisement ne se profile. Dans la nuit du 28 au 29 avril, « l’honoré jeune leader » Kim Jong-un faisait tirer un missile-test (type KN-17, moyenne portée selon les experts de l’US Army). Il avait déjà prévenu que sa course à l’arme nucléaire se poursuivrait « sans tenir compte des menaces ». L’engin à explosé après quelques minutes sans quitter le territoire nordiste : c’est le 4ème échec depuis mars. Mais la provocation met Chine et Etats-Unis face à un choix cornélien : faire une frappe préventive pour détruire l’arme nucléaire coréenne, comme l’ambassadeur américain à l’ONU Nikki Halley l’envisageait la veille, ou faire comprendre au monde par sa passivité, que D. Trump pas plus que B. Obama ne peut faire respecter ses propres « lignes rouges ».
Début avril, Trump avait demandé à Xi Jinping de s’investir pour l’aider à écarter la menace nucléaire nordiste. Or le 24, lors d’un appel téléphonique de Trump, Xi énonçait une formule étrange et nouvelle : « toutes les parties devraient assumer leurs responsabilités, se rencontrer à mi-chemin pour… désarmer la péninsule ». Xi venait à son tour d’avertir qu’en cas de 6ème test nucléaire au « pays du matin calme », Pékin ne répondrait plus de rien !
Au plan militaire, une coalition s’assemble autour de la péninsule. Le 26 avril, le sous-marin nucléaire Michigan (classe Ohio, lance-missiles) mouillait à Busan (Corée du Sud), suivi le 27 avril par le porte-avions Carl Vinson, sa flottille, deux destroyers nippons et des navires sudistes, en manœuvres conjointes. Quand le 26 avril, l’armée nordiste procéda à un feu nourri de canons longue portée, mais sans ordonner le test nucléaire qui aurait marqué le début des hostilités, la Chine jubila – l’apparente obéissance aux injonctions des puissances, était signe que la pression marchait. Mais l’exultation fut interrompue nette par le dernier tir de Pyongyang…
Au demeurant, l’alliance sino-US est fragile et sent l’éphémère. Washington accélère le déploiement de son système anti-missiles THAAD en banlieue de Séoul. Furieuse, la Chine laisse entendre qu’elle pourrait le neutraliser par son artillerie, voire ses radars de dernière génération, tant l’apparition de ce système d’arme lui est haïssable.
Parallèlement, D. Trump lance encore deux enquêtes antidumping contre l’acier et l’aluminium chinois, et suggère qu’il pourrait bien reparler par téléphone avec Tsai Ing-wen, la Présidente indépendantiste de Taïwan – ce qui serait un camouflet pour Pékin… Tout ceci concourt à renforcer l’impression d’une région sous un baril de poudre, aux mains d’un ou deux artificiers amateurs !
1 Commentaire
severy
30 avril 2017 à 08:59L’erreur stratégique d’Héraclès consistait à couper chacune des têtes de l’hydre de Lerne au lieu de s’attaquer au coeur unique du monstre. La solution qu’il choisit fut de trancher toutes les têtes d’un seul coup. Il acheva ainsi avec succès son deuxième travail.