En marge de la vague des nominations en octobre du prochain gouvernement, émergent ce mois-ci deux réformes à long terme, visant à restaurer le contrôle de la finance et des sphères supérieures du Parti.
La première est une campagne à boulets rouges contre les abus bancaires. À peine un mois à la tête de la CBRC (Commission de tutelle des banques), Guo Shuqing (cf photo) voit tomber Yang Jiacai, son n°2 impliqué en un prêt frauduleux de la BoCom à Wuhan (Hubei). Chute également Xiang Junbo, président de la CIRC, tutelle des assurances – peut-être victime des aveux de Xiao Jianhua, le financier des barons du Parti, kidnappé à Hong Kong en janvier.
Guo Shuqing édicte aussi 7 directives aux banques, contre des risques systémiques tels évasion fiscale, blanchiment, trucage des comptes pour cacher les prêts faillis et recrutement de faveurs, et tous agissements de type « finance de l’ombre » par ces maisons ayant pignon sur rue. Sous cette campagne implacable, les banques filent doux : au 1er trimestre, les IDE (investissements directs extérieurs) non financiers baissent de 48%. Du coup, la Banque Centrale rassurée, allège d’un cran (19 avril) son carcan aux banques, sur les paiements extérieurs en yuan.
La seconde réforme prépare la mise en place d’ici mars prochain, d’une Commission Nationale de Supervision (CNS) visant à frapper la corruption à tout niveau – jusqu’au sein de la CCID même (Commission de Discipline du Parti) dont Zhang Huawei, n°2 national est mis en examen. Tombe également Yang Chongying, président du Parlement du Hebei. Le nouvel organe doit agréger à la CCID des hommes de tous métiers publics (législatif, judiciaire, éducatif, hospitalier). Des tests en cours à Pékin, au Shanxi et au Zhejiang, doivent aboutir l’an prochain à un organe aux pouvoirs inégalés, de prévention et répression de la corruption.
Un tel outil inquiète au sein du Parti et des milieux civils, surtout pour l’équilibre au sein du pouvoir, entre branches civile et politique. Car en même temps, la Chine assiste à l’érosion rapide entre Parti et gouvernement, des cloisons mises en place sous Deng Xiaoping pour prévenir tout retour au pouvoir personnel. Lors d’un meeting de présentation de la CNS en février, Wang Qishan, patron de la CCID spécifiait : « il n’y a pas de séparation entre Parti et gouvernement… seulement une division des fonctions ». Parallèlement, en 2016, on a vu pour la première fois, le Comité Permanent (du Parti) contrôler l’exercice annuel du Conseil d’Etat, de l’ANP et de la CCPPC, les trois émanations du pouvoir civil… Pour Qin Qianhong, professeur de droit à l’Université de Wuhan, cette innovation marque bien une «remise en cause de l’héritage de Deng».
Sommaire N° 15 (2017)