Sport : La dernière mue du ballon rond chinois

L’achat à prix d’or de « stars » du football par les clubs chinois, était à l’automne encore en vogue. Mais en janvier, rien ne va plus après la dénonciation officielle de ce gâchis de ressource, et de son incapacité à former la jeunesse. Or sur cette pratique, deux événements viennent de se produire, qui changent toute la donne.

Il y a d’abord eu (14 février) l’annonce par le Guangzhou Evergrande d’un plan pour remercier d’ici 2020 ses joueurs étrangers, et consacrer les ressources à la formation. Décision remarquable car l’Evergrande a été le 1er club à faire venir des stars étrangères, ce qui lui a permis d’emporter et conserver depuis 6 ans la coupe de Super League chinoise. Ce qui ne l’empêche, à peine Xi Jinping a-t-il émis son vœu, de faire « demi-tour droite », et de se faire l’avant-garde de la nouvelle consigne. Pour conserver son 1er rang national, l’Evergrande peut compter sur ses entraîneurs italien et brésilien, recrutés pour plusieurs saisons (dont l’un, rétrocédé au « Onze national », mais toujours sous sa coupe). Il peut aussi compter sur son Académie de ballon rond hors pair, aux centaines de recrues les mieux sélectionnés et formés du pays. Mais c’est un grand risque que prennent Jack Ma et Xu Jiayin, ses milliardaires copropriétaires : si les autres grands clubs tardent à le suivre, l’Evergrande confronté aux clubs renforcés par leurs stars étrangères, pourrait avoir le plus grand mal à faire le poids—en Chine, et en Asie.

Un nouvel atout peut cependant venir à la rescousse : la FFF (Fédération Française de Football) et la LFP (Ligue des clubs hexagonaux), viennent d’inaugurer un bureau du football à Pékin, pour former 5000 éducateurs d’ici 2 ans, en créant ou renforçant des campus de football. Elles seront assistées par la start-up française My Coach, qui mettra en ligne, en langue chinoise, les contenus de formation de la FFF.
Arrivant après l’Angleterre, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie, la France est « presque en retard », soupire Raymond Domenech, l’ex-sélectionneur national. Mais ce bureau facilitera aussi les liens entre clubs français et investisseurs chinois, pour des rachats de clubs ou contrat de sponsoring du type de celui du PSG par Huawei.

Le même jour, ouvrait à Pékin le Club Sport France, destiné à mettre en contact toutes les fédérations sportives hexagonales avec leurs homologues chinois, pour aider la Chine à réussir son objectif de 700 millions de Chinois en tenue de sport une fois par semaine, d’ici 2020… Cette création étant là aussi pour dispenser l’image d’une nation française, à la hauteur de ses rêves olympiques de Paris 2024.

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