La nomination de Zhou Qiang, de réputation progressiste comme « juge suprême » en 2013, avait éveillé des espoirs d’une justice plus autonome.
Ces espoirs disparaissent après le rejet le 14 janvier par Zhou de toute « idéologie de démocratie constitutionnelle, justice indépendante et séparation des pouvoirs ». Tout manquement au travail idéologique doit être puni – ainsi que toute atteinte à l’image publique des héros et des leaders. Les juges doivent renoncer à toute velléité d’indépendance, « idée erronée occidentale ».
Pour l’intellectuel américain J. Cohen, ces positions rétrogrades marquent le deuil de décennies de réforme du système judiciaire. Dès le lendemain de sa publication, la position de Zhou Qiang était dénoncée par la pétition d’une douzaine d’avocats héroïques, sans égard pour leur propre sécurité.
Pourquoi ce raidissement ? Il pourrait être en lien avec une campagne anticorruption déployée dans l’administration judiciaire, qui chercherait par ce biais à se mettre à l’abri. Zhou pourrait aussi œuvrer pour conserver son poste après le XIXème Congrès.
L’explication la plus plausible vient d’un expert outre-Atlantique : Zhou avertirait les juges en proie à une discrète fièvre contestataire, aux deux motivations distinctes :
– 15% d’entre eux, séduits par un chant de sirènes démocratiques ;
– 85% aux tribunaux surchargés de cas, qui tentent de faire leur travail et s’irritent des « comités judiciaires », du Parti dans leurs prétoires. C’est là où se décident les verdicts, qu’eux-mêmes doivent ensuite exécuter. Comités qui sont aussi l’enceinte invisible de la corruption dans les prétoires. Ceci explique cela…
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Sommaire N° 3-4 (2017)