La raison a prévalu chez D. Trump le Président-élu des USA, et Tsai Ing-wen son homologue taiwanaise. Ils choisirent de ne pas se rencontrer, alors que Tsai, en route vers ses pays alliés d’Amérique Latine le 7 janvier, passait par Houston (Texas).
C’était mieux ainsi ! En effet, la Chine, nerveuse, tenait des manœuvres avec son porte-avions à 200 km de l’île Formose, déployant ses chasseurs embarqués J15 et cinq bâtiments d’escadre. En guise de consolation, Tsai rencontra une poignée d’élus texans, ainsi que R. Schriver, officiel fédéral en retraite.
Le 10 janvier à Managua (Nicaragua), Tsai assistait à la cérémonie d’investiture de D. Ortega, le Président réélu sans cesse depuis 10 ans. Avec lui, elle échangea la promesse d’approfondir les liens.
Tout ceci n’éclaircit pas les intentions de Trump, après ses diatribes contre la Chine et les promesses de campagne de ramener au pays les emplois « volés ». Le Président-élu vient de rencontrer en sa tour « Trump » de New York, Jack Ma, le PDG d’Alibaba, et de communiquer avec lui devant la presse : « les liens sino-américains doivent être renforcés, améliorés et plus amicaux ».
Loin de taxer comme promis les produits chinois de 45%, Trump va laisser Ma investir aux USA : « Jack et moi allons faire de grandes choses ». En ouvrant son site web aux vendeurs américains, et la chance d’écouler des milliers de produits « made in USA » à travers l’Asie, Jack Ma se targue de pouvoir créer « un million d’emplois » – un chiffre très exagéré, aux dires des spécialistes.
Mais les affaires sont les affaires : avant sa nomination (fort contestée au demeurant) comme conseiller spécial à la Maison Blanche, Jared Kushner, le gendre de Trump et promoteur immobilier, dînait avec Wu Xiaohui, le président des assurances Anbang (un groupe évalué à 285 milliards de $). C’était pour lui offrir, assure-t-on, une participation au projet de redéveloppement de son QG sur la 5ème Avenue. Entre l’entourage du Président et le grand capital chinois, ce genre d’affaire pourrait facilement déraper en conflit d’intérêts.
Enfin, le nombre de contradictions entre les actes et les paroles du Président-élu, pour ou contre la Chine, est intriguant. Au fond, ce début de dialogue sino-américain avec Jack Ma et Wu Xiaohui, nous éclaire peut-être sur la boussole de Trump, un homme d’affaires pragmatique, pour qui tous les coups sont permis, pourvu qu’ils créent des emplois. Comme souvent dans l’histoire humaine, la morale n’est invoquée que si elle est utile !
Sommaire N° 2 (2017)