Politique : Petites nouvelles du front gouvernemental

« Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument », formule vaguement familière, fut le 8 novembre le clou du discours de Wang Qishan. Le maître de l’anti-corruption adjurait les 80 millions de cadres de rester honnêtes et de traquer les suborneurs du Parti et de l’Etat. Wang faisait l’amalgame (pourtant n’allant pas de soi) entre loyauté et honnêteté, deux vertus obsessionnellement recommandées par le régime à ses apparatchiks.

Au-delà de son apparente banalité, cette sortie contenait deux messages plus subtils. Le premier : quoiqu’ayant franchi l’âge du départ en retraite (à 69 ans), Wang sera de la prochaine équipe dirigeante en 2017. Le second message n’est que suggéré : les ennemis du régime (ceux qui veulent faire chuter l’équipe au pouvoir) sont accusés de corruption voire de déloyauté. Cette technique d’épuration politique est nécessaire, faute pour le régime de savoir s’assurer des successions paisibles. Ceci force chaque quinquennat à d’épuisantes manœuvres pour choisir ses leaders, ce que la démocratie fait naturellement.

L’avant-dernier de ces outils a été la création du code de conduite des membres du Comité Central, et le dernier vient d’être annoncé : une Commission provinciale anticorruption, destinée à extirper une fois pour toute le fléau de la nation. Il y avait déjà la Commission de supervision de la discipline (CCID), le Bureau de prévention de la gabegie (filiale de la précédente), le Bureau anticorruption du Procureur suprême. La commission provinciale devra coordonner ces fonctions au plan local.

Trois commissions seront donc testées, à Pékin, au Shanxi (donc en Chine de l’intérieur) et au Zhejiang (à la côte). leurs membres aux compétences diverses (comptables, analystes, juristes) seront nommés par les Parlements locaux. Elles fonctionneront face-à-face avec le gouvernement, le tribunal, le procureur de la province, les observant sans avoir de comptes à leur rendre. Il n’est pas clair de qui elles dépendront – des élus locaux, du Conseil d’Etat ? Mais leurs pouvoirs seront considérables – pour la plus grande gloire du leader national.

Déjà la moitié des gouvernements provinciaux a été renouvelée, dont les leaders ont prêté allégeance à Xi Jinping, « cœur du Parti ». La loi de sécurité cybernétique vient d’être adoptée malgré les craintes venant de l’étranger pour le respect de leurs secrets technologiques. Une loi vient encadrer l’industrie du cinéma contre la fraude et pour la loyauté. Et Xi vient de rappeler aux journalistes, le jour national de la presse (7 novembre) la manière de rester sous la « direction politique correcte ». Tout est sous contrôle !

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