Voici des décennies que la Chine pollue sa terre. A présent vient l’heure des comptes, pour les milliards de tonnes de déchets déversés aux portes des villes et villages (cf photo). Selon une étude publique publiée du bout des lèvres en 2014, « 16% » des terres cultivées sont contaminées.
Le ministère avait émis en 2013 et 2015 des plans anti-pollution de l’air et de l’eau. Puis voici qu’au 1er juin, il publie le 3ème volet du triptyque, fruit de 10 ans d’ouvrage : le plan contre la pollution du sol, qui engage le pays pour 50 ans de travaux :
– Dès 2017, seraient publiées des directives pour responsabiliser usines et administrations.
– D’ici 2018, un cadastre de la pollution devrait être en mis ligne, énumérant les zones, leur taille, les types d’effluents et effets sur les produits agricoles. Accessible aux agences et aux ONG, cet outil serait la « Bible » de la lutte de terrain.
– Fin 2020, les émissions seraient stabilisées : « 90% des terres polluées » seraient reconquises.
– D’ici 2030, devrait se déployer le travail de mitigation, nettoyage, réparation. A terme, seuls 5% des sols contaminés devraient subsister.
– Enfin en 2050 (date mythique du socialisme chinois, la terre promise), la mitigation serait achevée pour laisser place au « cercle vertueux » entre éléments, homme et nature…
Longtemps attendu, ce plan d’action a l’immense mérite d’exister et de créer une stratégie intégrale, sous une philosophie humble et réaliste : « la perfection attendra ».
Il contient pourtant des lacunes, inévitables pour un pays se réveillant soudain après des générations de négligence. Le coût de la dépollution, par exemple, n’est pas évoqué. Avec les technologies actuelles, dépolluer les sols empoisonnés (racler, brûler les terres), coûterait 760 à 1000 milliards de $ : 50 ans de travail et des moyens hors de portée des villages. Et qui paiera ? Le plan évite d’évoquer une loi de prévention pour fixer un principe « pollueur-payeur », et n’ose espérer que de vagues « dispositions légales » pour 2020.
Il faudrait d’ailleurs commencer par arrêter de polluer (ce qui coûterait des millions d’emplois) : le plan ne prévoit pour 2020 qu’une coupe de 10% des émissions de métaux lourds !
On peut tout de même espérer que par les normes contraignantes de ce plan, surgiront un marché, des outils, des services… de quoi rendre la décontamination profitable.
1 Commentaire
severy
4 juin 2016 à 18:24Un milliard de tonnes de déchets. Vous pouvez imaginer la taille du tapis sous lequel il conviendra de glisser toute cette crasse…