Le Vent de la Chine Numéro 21 (2016)
Nous avons le plaisir d'annoncer l'élection d'Eric Meyer, rédacteur en chef du Vent de la Chine, comme membre correspondant de l'Académie des Sciences d'Outre-mer à Paris.
Depuis Pékin, il soufflera le vent frais de Chine sur cette vénérable institution !
Longtemps, la Chine n’a pas connu d’urbanisme, se contentant d’entasser dans un style volontariste, routes et cités dortoirs avec pour seule boussole, l’urgence des besoins et des profits. Mais les choses changent. Le 27 mai au Bureau Politique, le Président Xi Jinping décrivait le « nouveau Pékin » en train de naître à Tongzhou, au cœur de Jing-jin-ji (京津冀, 185 millions d’âmes entre Pékin, Tianjin et Hebei). Cette ville « verte, boisée, spongieuse et intelligente » (selon Xi), accueillera, sur 155km² de parcs et lotissements, les agences municipales et des services (écoles, hôpitaux…) parmi les meilleurs du pays. Pour faire place nette, 2000 entreprises industrielles ont déjà été déplacées. Afin d’éviter la congestion, sa population actuelle de 870.000 âmes, ne pourra dépasser les deux millions.
A l’inverse, d’ici 2020, Pékin-ville devra avoir entamé sa décroissance : six districts auront perdu 15% de leur peuplement, deux millions de résidents (à commencer par les quartiers du Zoo et de la Cité Interdite). Sur les routes, pour désengorger le flux de 5,6 millions de véhicules, une circulation alternée par jour pair/impair, se prépare, ainsi qu’une taxe de 20¥ à 50 ¥/jour par véhicule entrant dans la capitale. Des normes de pollution des véhicules, bien plus contraignantes, seront également mises en place, et l’automobile électrique aura fait un « bond en avant ».
Dans cette réinvention de la ville, l’effort le plus original consiste en la capture et l’élaboration des données individuelles pour mieux prévoir et coordonner les besoins, par quartier et par tranche d’âge – avec un effort particulier pour le 3ème âge.
Pékin compte 3 millions de sexagénaires, dont 3% atteints de perte de mémoire ou de démence sénile. Pour ceux-là, la mairie prépare 10.000 bracelets électroniques, permettant de les localiser. 400 sont déjà livrés, avec trois ans d’abonnement gratuit au service permettant de les localiser.
D’ici 2018 entre Pékin, Tianjin et le Hebei, 20 millions de sexagénaires auront reçu leur carte « 3ème âge multi-usage », avec 100 yuans de crédit offert chaque mois par l’Etat – sans compter le complément éventuel par la famille. Elle donne accès gratuit aux bus et aux parcs, et ouvre aussi à une gamme de services payants : soins, ménage ou repas à domicile… La carte est précédée par un questionnaire sur le (ou la) titulaire, sa santé, ses revenus, habitudes, ou même ses envies – telle celle de quelqu’un avec qui parler…
Avec cette montagne de données, la municipalité peut créer des profils et tendances : la baisse de fréquentation de personnes âgées dans tel parc ou sur telle ligne de bus, permettra de suivre le vieillissement du quartier, la progression de la dépendance, et d’anticiper le besoin en nombre de lits, centres d’accueil, gérontologues…
Objection occidentale : le fichage des individus porte atteinte à la vie privée. Mais les intéressés eux-mêmes balaient la critique d’un (tremblant) revers de main : « les vieux n’ont pas de secrets », et « cette carte est plus utile que l’ancien système de coupons qu’elle a relayé ».
Tout ceci suggère un changement tumultueux de gouvernance urbaine : les ministères et agences de l’Etat s’apprêtent à centraliser les informations sur leurs citoyens. En réveillant ces données qui dormaient (parce qu’elles étaient parcellaires et séparées) et le privait de vue d’ensemble sur l’individu ou le groupe social, le gouvernement espère tirer un outil de management plus performant – et pas seulement au service du 3ème âge…
Rogiers Creemers, le spécialiste à Oxford sur la gouvernance technologique, formule cette conclusion peut-être un peu dérangeante : « la Chine est leader mondial de l’intégration de ces fonctions… Et ce qui lui permet de le faire, est l’existence en arrière-plan d’un seul réseau de pouvoir, celui du PCC ».
Disneyland ouvrira le 16 juin à Shanghai. Mais dès le 28 mai à Nanchang (Jiangxi), démarrait le 1er parc de loisirs Wanda. Cette avance de 19 jours n’avait rien de fortuit : Wanda avait brûlé les étapes, pour remporter la première bataille contre Disney, celle de la date.
Wang Jianlin, milliardaire et auteur du projet, précisait ses vues le 22 mai à la CCTV : une volée de critiques et de piques contre le groupe américain.
Disney, prétend Wang, n’eût jamais dû mettre les pieds en Chine. D’abord, à 499¥ (haute saison), le billet d’entrée serait bien trop cher—double de celui de Wanda (248¥). Disney n’aurait pas su tenir son budget, ayant déversé 5,5 milliards de $ sur son Disneyland de Pudong—contre 3,2 milliards sur le Wanda de Nanchang. Et puis « pourquoi avoir choisi pour son parc de plein air Shanghai, aux étés pluvieux et hivers froids ? ».
Et puis encore, Disney n’a qu’un parc en Chine, mais Wanda en aura 15 à 20 en 2020 : « le tigre seul, déclare Wang, n’a aucune chance face à la meute de loups ». Wang l’affirme aussi, les Chinois n’ont jamais vraiment aimé Mickey, lui préférant leurs héros locaux. Cette dernière assertion, bien sûr fausse, apparaît autant idéologique (en faveur d’un bastion culturel national) que commerciale. Faute d’avoir la propriété intellectuelle de Donald, Wang prétend réaliser des versions commerciales de personnages chinois tels le Roi des Singes ou Chang’E, la reine du palais de glace sur la Lune.
Implicitement, Wang peut aussi espérer compter sur la sympathie du gouvernement chinois dans la création d’un marché chinois des loisirs et du divertissement. Le Chinois citadin, une fois logé et au travail, réclame des loisirs : le divertissement et le tourisme décollent, atteignant en 2015 quelques 610 milliards de $ de chiffre d’affaires, qui doublera d’ici 2020. Or sur ce marché neuf, comme sur tous les autres précédemment, l’Etat compte faire jouer la préférence nationale.
Wang reproche encore à Disney de vivre sur ses acquis, sans avoir su renouveler son modèle commercial depuis 60 ans.
Pour toutes ces raisons, selon Wang, la messe serait dite : il n’y aurait sur le marché chinois du divertissement, de place que pour un seul, et « sous 10-20 ans, Wanda doit chasser Disney du marché ».
Cette attaque frontale de Wang Jianlin au rival yankee est une scène plutôt rare en Chine, surtout à la télévision. Face à l’étranger, ce pays est plutôt accoutumé à la courtoisie de façade, et au ménagement (en apparence) des adversaires, sur tout terrain non-politique. Les propos de Wang peuvent être comparés à une déclaration d’hostilité, d’un gant jeté à la mode médiévale chinoise. En des romans de chevalerie tels « Les Trois Royaumes » ou « Au Bord de l’eau », le héros galope seul sous les remparts ennemis, pour aller insulter rituellement le général, lequel sort alors pour engager le combat singulier…
Après s’être préparé des années durant et avoir recruté des dizaines d’experts, décorateurs et conseillers artistiques des parcs à thème américains, Wang lance ainsi son défi, apparemment sûr de gagner. Mais est-ce le cas ? Au parc Wanda de Nanchang, le jour de l’ouverture, étaient repérés des acteurs déguisés en Blanche-Neige ou « Captain America » (personnages propriété de Disney, cf photo), tandis que les peluches en vente reproduisaient « Kung Fu Panda » (Dreamwork) ou « Pokemon » (franchise japonaise). Dans les heures suivantes, Disney qui n’avait pas réagi à la volée de bois vert de Wang du 22 mai, réagissait : « nous protégeons vigoureusement notre propriété intellectuelle, et agirons pour combattre tout piratage ». Wanda produisait cette excuse : « ces produits et costumes… ne figurent pas dans la section restreinte du parc, et n’engagent pas la responsabilité du groupe ».
Sur le fond, Jennifer So (China Securities International) ne voit pas la partie gagnée d’avance pour Wanda. L’analyste hongkongaise remarque que la force des parcs à thème réside dans le nombre et la notoriété des personnages-concepts sur lesquels ils ont les droits d’auteur. Vu sous cet angle, Wanda se positionne plus en promoteur immobilier qu’en spécialiste des loisirs : « constituer un assez riche catalogue de personnages pour attirer les foules chinoises, peut prendre des décennies » : Wanda aura-t-il ce loisir ?
D’autres groupes américains du spectacle (Dreamwork, Six Flags) ouvriront en Chine en 2017 : « la clé du succès est la popularité de marque, et la compétence gestionnaire », ajoute So. Or, ce savoir-faire chez Wanda, n’est pas démontré non plus. Dans ces conditions, lancer 20 parcs d’un coup à travers la Chine, c’est occuper le terrain, mais aussi prendre un risque.
En fin de compte, Michel Berkelmans, co-président du cabinet de consultant LEK (Chine) observe la stratégie de Haichang, qui s’installe à Pudong à côté de Disneyland. Cet aqua-parc chinois mise sur l’effet de synergie, de « la marée qui soulève tous les bateaux en même temps ». La mairie de Shanghai apporte sa bénédiction : elle pense que Disney, Haichang et d’autres derrière, sont la voie pour créer à Pudong un pôle de loisirs, et un marché de consommateurs qui n’existe as encore en Chine.
Cependant si cette perspective est juste, Wang Jianlin, en militant pour un « combat des chefs » et une guerre pour le monopole, se trompe de guerre comme de modèle économique : l’avenir du parc à thème en Chine est dans la coopération, pas dans la lutte « à mort ».
Comme chaque année, le concours du Gaokao (高考,baccalauréat), les 7 et 8 juin, sélectionne les lycéens selon les places disponibles à travers les 1000 universités du pays. Le stress est donc à son paroxysme, car c’est la chance de promotion sociale du jeune – tant attendue par la famille. Pour ceux qui échouent, les suicides ne sont pas rares….
La session 2016 confirme au moins une tendance nouvelle : les effectifs fondent. Les 10,5 millions de candidats de 2008 n’étaient plus que 9,5 millions l’an dernier. Une des causes est la dépopulation – conséquence de 40 ans de planning familial.
Une autre raison est l’émigration éducative vers l’anglophonie, l’Europe, l’Asie. 500.000 jeunes étudient à l’étranger, dans l’espoir de meilleurs emplois de retour au pays. L’école chinoise paie pour son incapacité à alimenter le marché du travail en talents d’initiative, et d’esprit critique. On note ici le décalage entre l’investissement en milliards de yuans dans des lycées neufs bien équipés, et la timidité du dépoussiérage dans les programmes et la pédagogie.
Cependant, moins de candidats signifie plus de places à offrir en fac. En 20 ans, les chances de succès au Gaokao sont passées d’une sur deux, à 70% voire 100%. Ce qui permet à l’Etat de tenter -bien timidement- de combler l’inégalité des chances entre provinces riches et pauvres. Ainsi en mai, le ministère de l’Education ordonnait aux universités de 14 provinces « riches » ou en décroissance démographique, d’offrir plus de places aux candidats des régions démunies. Beau geste, mais qui irrita des milliers de parents. Dans le Jiangsu, cela équivaut à accueillir 38000 étudiants de plus, au détriment des locaux.
Néanmoins, l’Etat ne toucha pas à la plus grande injustice : celle des quotas par régions, imposés par les grandes universités pour garder la priorité aux enfants de la ville. Par exemple, pour entrer à Beida (Pékin), pour le même score global, le jeune du Henan a une chance sur 9000 de réussir, le Pékinois une sur 320.
Une refonte du Gaokao se prépare à l’horizon 2020 : les bacs « lettres » et « math » disparaitront, chaque filière contenant une proportion de mineures de celle d’en face, afin d’éviter à l’avenir les formations déséquilibrées : la Chine espère une nouvelle génération de jeunes aux têtes « bien faites », plutôt que « bien pleines ».
Citons enfin cette expérience insolite : sous la supervision d’huissiers, dans le cadre d’un programme du ministère des Sciences et Technologies, un robot passera son Gaokao. Au cours des derniers tests, il a déjà obtenu 115 sur 150 en mathématiques….
Le 1er juin, journée mondiale anti-tabac, vit en Chine un combat furieux entre partisans et opposants (cf photo), sur divers champs de bataille. Mais la victoire n’était pas toujours là où on l’attendait.
Depuis le 1er mai, sur tout le territoire national, l’Etat oblige tout espace public à afficher ses « défenses de fumer », à interdire les distributeurs automatiques de cigarettes, et à vérifier que les coins fumeurs, ouverts à l’extérieur uniquement, n’exposent pas les passants à la tabagie passive –celle-ci coûtant au pays, de sources officielles, 100.000 morts prématurées par an.
Le projet de loi de 2014, au placard depuis, visait la tolérance zéro. Mais la dernière version qui vient de fuiter, vise un cataclysmique demi-tour : restaurants, hôtels, bars et aéroports pourraient (r)ouvrir des coins fumeurs, et la cigarette aurait droit de cité au bureau. D’où la mobilisation de 12.000 volontaires dans le pays : « mieux vaut pas de loi du tout, qu’une loi réinvitant le tabac dans les lieux publics », fulmine cet activiste.
Ceci est le résultat d’une hérésie du passé qui perdure : le producteur du tabac (Corporation nationale), est également l’Administration qui a la gouvernance et le monopole du commerce du tabac – juge et partie, donc. C’est surtout un lobby fort, de son passé révolutionnaire (Mao, Deng fumaient), qui fait valoir ses millions d’emplois (paysans, ouvriers, vendeurs) et sa puissance financière, assurant 7% et 10% des recettes de taxation – 165 milliards de $ en 2015. Jusqu’à février 2015 le vice-directeur du Monopole était Li Keming, cadet du Premier ministre Li Keqiang. Résultat : la Chine compte aujourd’hui 320 millions de fumeurs (28% de la société), dont 11% de 13 à 15 ans. 1,4 million de ces fumeurs meurent trop jeunes chaque année.
Ainsi, selon toutes les apparences, l’empire contre-attaque. Mais dans ce tableau, tout n’est pas noir. À Pékin, une loi municipale est appliquée depuis 2015, suivant les recommandations de l’OMS. En 12 mois, le tabac a reculé dans les lieux publics de 23% à 6,7% , et de 40% à 15% des restaurants. Les ventes de cigarettes ont baissé de 2,71%, et les 11% de fumeurs d’accord pour tenter d’arrêter en 2015, sont passés à 46%. Encore plus fort, un concours d’abstinence démarrera au 1er juillet : les volontaires seront encouragés par WeChat, et ceux ayant tenu 100 jours recevront des prix jusqu’à 20.000 yuans.
La bataille fait donc rage. L’OMS compte les points, réclamant l’extension de la gouvernance pékinoise à toute la nation. Et le combat reste inégal, entre les pro– et anti– au sommet du pouvoir, la plupart des actions se déroulant dans l’ombre.
Voici des décennies que la Chine pollue sa terre. A présent vient l’heure des comptes, pour les milliards de tonnes de déchets déversés aux portes des villes et villages (cf photo). Selon une étude publique publiée du bout des lèvres en 2014, « 16% » des terres cultivées sont contaminées.
Le ministère avait émis en 2013 et 2015 des plans anti-pollution de l’air et de l’eau. Puis voici qu’au 1er juin, il publie le 3ème volet du triptyque, fruit de 10 ans d’ouvrage : le plan contre la pollution du sol, qui engage le pays pour 50 ans de travaux :
– Dès 2017, seraient publiées des directives pour responsabiliser usines et administrations.
– D’ici 2018, un cadastre de la pollution devrait être en mis ligne, énumérant les zones, leur taille, les types d’effluents et effets sur les produits agricoles. Accessible aux agences et aux ONG, cet outil serait la « Bible » de la lutte de terrain.
– Fin 2020, les émissions seraient stabilisées : « 90% des terres polluées » seraient reconquises.
– D’ici 2030, devrait se déployer le travail de mitigation, nettoyage, réparation. A terme, seuls 5% des sols contaminés devraient subsister.
– Enfin en 2050 (date mythique du socialisme chinois, la terre promise), la mitigation serait achevée pour laisser place au « cercle vertueux » entre éléments, homme et nature…
Longtemps attendu, ce plan d’action a l’immense mérite d’exister et de créer une stratégie intégrale, sous une philosophie humble et réaliste : « la perfection attendra ».
Il contient pourtant des lacunes, inévitables pour un pays se réveillant soudain après des générations de négligence. Le coût de la dépollution, par exemple, n’est pas évoqué. Avec les technologies actuelles, dépolluer les sols empoisonnés (racler, brûler les terres), coûterait 760 à 1000 milliards de $ : 50 ans de travail et des moyens hors de portée des villages. Et qui paiera ? Le plan évite d’évoquer une loi de prévention pour fixer un principe « pollueur-payeur », et n’ose espérer que de vagues « dispositions légales » pour 2020.
Il faudrait d’ailleurs commencer par arrêter de polluer (ce qui coûterait des millions d’emplois) : le plan ne prévoit pour 2020 qu’une coupe de 10% des émissions de métaux lourds !
On peut tout de même espérer que par les normes contraignantes de ce plan, surgiront un marché, des outils, des services… de quoi rendre la décontamination profitable.
Le remous en mer de Chine du Sud ne tarit pas, face à l’expansion d’une Chine qui en revendique 90%. La saga ne baisse jamais d’intensité, dans l’attente du verdict de la Cour de la Haye suite à la plainte des Philippines.
Le 2 juin à Singapour s’ouvrait le Sommet de Sécurité Shangri-La entre 20 pays de la région. Pour les acteurs majeurs, USA et Chine, c’était l’ultime chance d’obtenir le soutien des nations. En terme d’image, une majorité derrière les USA ferait payer plus cher à la Chine son rejet du jugement de la cour d’arbitrage, et une majorité d’abstentions aurait l’effet inverse.
Bizarre, à un moment où elle pourrait souhaiter faire profil bas, Pékin au contraire, lance ses flottes en eaux malaises et indonésiennes – au-delà même des zones qu’elle revendique. En mars, une vedette maritime malaise s’est trouvée au large de Sarawak, face à une « collègue » chinoise qui la chargea à coup de trompe marine. Depuis, Kuala Lumpur pense à y installer une base navale. De même, fin mai, au large des îles indonésiennes Natuna, un garde-côtes chinois tenta, pour la seconde fois en 2 mois, de libérer un de ses chalutiers surpris à braconner. Mais cette fois, l’Indonésie était prête, et avait sorti un destroyer. Le policier chinois dut laisser à son sort son compatriote en faute…
Autre escalade, la rumeur prête à Pékin l’intention d’imposer sa zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) autour des Spratleys, deux ans après l’avoir fait en mer de Chine de l’Est. Si elle le fait, Vietnam, Philippines et Malaisie feront de même, créant ainsi une cacophonie d’ADIZs contradictoires – peut-être explosives.
Côté diplomatique cependant, une donnée fondamentale vient de changer. Fer de lance jusqu’à hier de la rébellion contre la Chine, les Philippines viennent d’élire le Président R. Duterte qui s’avère, contre toute attente, mieux disposé envers Pékin. Duterte exige toujours le respect de la souveraineté nationale sur la bande des 200 milles marins (selon la convention du Droit de la mer), mais il offre de négocier en bilatéral, et se distancie de Washington. Aux anges, Pékin s’empresse d’accepter.
Pourtant sans en avoir l’air, Duterte ne prend nul risque. La Chine a tout intérêt à trouver l’entente avec lui, pour diviser ses adversaires. Même à des conditions très généreuses. Une telle entente comporte certes le risque de devoir plus tard étendre ces concessions à tous les requérants.
C’est en 2011 qu’elle rencontra Jiang, un des fleurons de l’aristocratie rouge, qui a fait fortune entre l’immobilier, l’assurance et l’aéronautique, au dessus des lois… À près de 50 ans, il conservait une ligne volontaire et élancée, si l’on excepte un début d’empâtement dû à l’excès de banquets.
Il vivait « seul » avec ses domestiques, à 20km de Pékin, sur une colline artificielle aux frondaisons rares et centenaires, transplantées du Yunnan ou des prairies mongoles. Les quelques palais se partageant le parc, étaient mieux gardés que l’or de la Banque Populaire : enceintes à haute tension, patrouilles, caméras digitales. Bâtie en style antique avec courées et pavillons aux toits courbes vernissés, la résidence étalait les fantasmes d’un architecte ayant eu carte blanche : grande piscine à toit ouvrant, salle de concert, serre tropicale, et à l’intérieur, des dizaines de pièces meublées en tous les styles, dotées d’une domotique dernier cri.
Le maître n’avait pas invité Jiajia à partager sa vie – par peur, dit-il, d’un second divorce. Bien dédommagée, son ex-femme vivait à Vancouver, avec leurs deux filles à l’université.
Jiajia sut le cueillir au bon moment. Mais à un certain prix : c’est lui qui décidait du temps des retrouvailles. Et pour ce maître tout-puissant, elle devait se rendre disponible jour et nuit, pour l’arracher à ses humeurs ombrageuses.
Dès qu’il l’avait choisie, il l’avait déménagée dans un logement à lui, en une villa de la résidence Yosemite, voisine de celle de sa sœur. Il avait aussi fourni le personnel—féminin uniquement— qui lui rapportait les faits et gestes de Jiajia. C’est ainsi qu’il s’assurait de sa fidélité —mais au prix de la liberté de la jeune femme.
Jiang savait bien pourquoi il avait choisi Jiajia. Après deux ans de relation, il présenta son exigence : il voulait un fils. Face à ses très vieux parents, rester sans descendance mâle était sujet de honte.
Mais Jiajia, femme enfant, répugnait à assumer telle responsabilité. Enfanter déformerait son joli corps. Et puis ce fils la séparerait du monde des affaires, et lui ferait perdre sa respectabilité. Ainsi, elle tenta de refuser la requête de Jiang… Mais la guérilla tourna court. Le cœur glacé, il lui fit du chantage : un enfant, sinon elle ne le verrait plus et serait mise dehors. Le seul coup de fil qu’il daignerait décrocher serait celui pour lui signifier qu’elle acceptait de porter son fils. Et les jours suivant cette relégation, elle reçut quotidiennement sur son smartphone, les photos du maître, avec de potentielles remplaçantes.
À ce régime, le moral de Jiajia fléchit « comme une chute de 1000 toises » (一落千丈, yīluò qiān zhàng). Elle craqua en 10 jours, hissant le drapeau blanc de la reddition.
Suite à quoi elle fut admise durant deux mois au palais, compagne nocturne jusqu’à l’annonce de la grossesse. Puis elle réintégra sa villa, son maître retrouvant sa quiétude solitaire. Par bonheur, l’enfant s’était avéré mâle, assurant à la jeune mère la garantie momentanée de rester la compagne officielle !
Une chose qui frappa Oliver, son ami européen, qui lui rendait parfois visite : l’enceinte stéréo diffuse en boucle des litanies bouddhistes. Et le fait que Jiajia reçoive chaque jour un maître de yoga. « C’est pour me rassurer », lui confia-t-elle…
En réalité, Jiajia était chaque nuit hantée de cauchemars. Elle voyait Jiang en compagnie d’une autre, plus jeune. Elle découvrait (en rêve) que sa dernière opération de chirurgie esthétique n’a pas empêché l’apparition d’une ridule à la tempe. Ou encore, une dispute éclatait, où même en s’humiliant à l’extrême, elle ne pouvait empêcher sa disgrâce.
Mais le pire rêve, qui supplantait tous les autres en horreur : le maître lui retirait Xiaodou pour le placer au pensionnat le plus cher de la Terre, helvétique ou californien avec cours de rugby, de conversation ou de peinture….Cette éducation préparerait Xiaodou à la reprise des rênes de l’empire. Quand viendra la césure ? Pour son septième anniversaire ou le 10ème ? Quelle que soit l’échéance, tout cela, c’était pour demain, et la sombre certitude que Xiaodou lui serait ôté, dès que possible. Alors, Jiajia perdrait son bébé, son homme, et peut-être, son style de vie.
C’est à ce moment du cauchemar qu’elle s’éveillait, seule et en sueur. Alors, elle le comprenait, la vérité l’avait rattrapée, dévoilant le mensonge d’une vie : elle n’avait jamais eu de père millionnaire, ni étudié à Singapour. Elle était sortie comme tant d’autres de la misère, toujours en dépendant d’amants pour vivre. Son histoire de business, c’était pour l’honneur, pour donner le change. Et dans son salon, la pendule au tictac lui rappellait chaque seconde qu’elle s’approchait du moment où sa beauté aura flétri.
Au moins, sa prudence féminine lui aura permis de ne pas tout perdre : elle garde quelques ami(e)s fidèles, quelques millions de yuans judicieusement mis en lieu sûr à l’étranger, de quoi se retourner, le jour où il faudra !
9-12 juin, Canton : Guangzhou International Lightning Exhibition Salon international de l’éclairage, et pour les bâtiments
9-12 juin, Ningbo : CICGF, Salon des biens de consommation
12-14 juin, Canton : Guangzhou International Robotics, Salon de la robotique
12-14 juin, Canton : Guangzhou International Non-Ferrous Metals Exhibition, Salon des métaux non ferreux
12-14 juin, Canton : Guangzhou International Stainless Steel Industry Exhibition, Salon de l’acier inoxydable, et équipements
12-14 juin, Caton : Guangzhou International Fasteners & Equipment Exhibition, Salon dédié aux attaches et fixations
12-14 juin, Caton : Guangzhou International Metal & Metallurgy Exhibition, Salon de la métallurgie et des métaux
12-14 juin, Caton : Guangzhou Tube & Pipe Exhibition, Salon des tuyaux et tubes d’acier
12-15 juin, Pékin : CIEPE, Salon international de la protection de l’environnement et de la ville écologique
12-16 juin, Chongqing : ICAA, Conférence internationale sur les alliages d’aluminium
13-16 juin, Shanghai : Asia Attraction Expo, Salon et Conférence sur l’industrie des parcs d’attractions et de de loisirs
16 juin, Shanghai : Inauguration du 1er parc Disneyland en Chine
14-16 juin, Shanghai : AIR CARGO China, Exposition et Conférence sur le fret aérien et la logistique
14-16 juin, Shanghai : Aircraft, Interiors, Exhibition China – AIE, Salon dédié aux intérieurs de cabines d’avion
14-16 juin, Shanghai : ASCE, Salon international des services liés à l’aviation
14-16 juin, Shanghai : Transport Logistic China, Salon professionnel de la logistique, du transport et de la télématique
14-16 juin, Shanghai : WINE Expo, Salon international du vin et des spiritueux
14-16 juin, Shanghai : METRO China Expo, Salon international et conférence sur le transport par rail urbain et régional
15-17 juin, Shanghai : AQUATECH, Salon professionnel et international des procédés pour l’eau potable et le traitement de l’eau
15-17 juin, Shanghai : FLOWEX : Salon international des pompes, valves et tuyaux
17-20 juin, Dalian : Dalian BOAT Show, Salon nautique international de Dalian